dimanche 25 novembre 2012

Au hasard de la Canebière


Dominique se dépêche, elle fait claquer ses talons sur le trottoir et pourtant espère ne pas trop se faire remarquer, elle a rendez-vous à l'hotel un peu plus loin, pourvu que personne ne la reconnaisse.

Martine marche doucement, la rue monte, elle est essoufflée, elle a mal aux genoux, son sac est lourd, il faudrait qu'elle déménage.

Kevin attend Mourad au coin de la rue, juste sous une caméra de surveillance, il s'en fout, il ne se fait jamais prendre.

Yasmina fonce, n'entend rien, ne voit rien, lit ses SMS, répond, trois à la minute, mince, un chat, il a failli la faire tomber.

Mr Lee attend les clients, assis sur le pas de sa porte. C'est l'heure creuse, il se cure les ongles.

Mr Paul sort du four ses brioches chaudes. Ca sent bon. Vingt ans de métier et il aime toujours le parfum de la brioche brûlante.

David et Fabien roulent de concert, épaule contre épaule sur leurs vélos. On les klaonne, qu'importe, ils échangent leurs impressions sur la petite blonde qui est arrivée dans leur classe ce matin. Seront-ils copains ou rivaux?

Mama Yacinthe remonte lentement du marché Noailles, les cabas pleins, rêvant à ce qu'elle va leur cuisiner pour ce soir.

      Francine


dimanche 18 novembre 2012

Débuts de phrase (12/11/2012)

 (Débuts de phrase à compléter. En italique, comme d' hab')
1- Une petite fille aux yeux tristes chantait derrière sa fenêtre, le chat (son chat?) avait la patte posée sur quelques plumes d'oiseau. Son oiseau ? La chanson ne le dit pas.
2- Il y avait un moulin en lisière de forêt. Il était le poteau d'arrivée des courses effrénées que les ados du village organisaient avec leurs motos tout-terrain, avant d'entrer à couvert et réduire, à peine, les gaz dans le sous-bois. Mais ce jour-là, le canon d'un fusil était lui aussi de sortie, ses reflets bien visibles sous le porche. Trop tôt pour l' ouverture de la chasse. Et encore moins pour escorter distraitement la balade aux champignons. Pour quoi alors ?
3- J' avais voyagé longtemps pour mon entreprise, une belle plante, mais un peu vénéneuse quand même. Sa croissance ne tolérait aucun tourisme. Même si ceci se limitait aux mégapoles en tenue de semaine, aux néons en guise de soleil, aux façades mondialisées. Circulez! Y a rien à voir!

Le vocabulaire de la ville (2) (12/11/2012)


"Je me casse. Marre d' attendre! Heureusement que les arbres d'alignement m' ont protégé du soleil dans cette canicule, mais là c'est trop. On avait rencard à midi à la colonne Morris (Chevalier, ou Philipp ?) devant le pan coupé de cet atroce immeuble hausmannien, blanc comme un Parisien, comme si la ville c'était propre... J'étais tellement furieux que j'ai maudit ce chien d'Hausmann et ses expropriations. Remarque, le Morris ou le Wallace de la fontaine ont bien dû en profiter aussi. Il y a des passants, oui, ils m'ont regardé bizarrement, quand je lisais le mode d'emploi des sanisettes, mais pas plus que quand j'ai mis quelques coups de pieds bien sentis dans les plots contre le stationnement. Ils m'ont résisté, ces teigneux, encore plus que la barrière de protection. Je suis sûr qu'il y en a même un qui a rigolé quand j'ai trébuché sur la trappe de visite vers les câbles d'électricité, évidemment pas de niveau avec ces fonctionnaires d' ERDF! En plus j'avais mis mon plus beau T-shirt et jean bien vintage pour elle. Tu parles ! J'ai scruté la rue pour trouver l'automobile dans laquelle elle devait arriver, à l'heure promis-mon-chou, enfin vu qu'ici, à Paris, dès qu'on met quelque chose sur la chaussée de circulation, le temps se gâte vite. Vous me voyez, là, de dos avec mon sac à dos? C'est elle qui m'a envoyé la photo. Elle aurait pas pu essayer de me rejoindre, au lieu de me laisser partir? Remarque, je venais juste de marcher sur un truc mou qui renifle sévère, juste en passant devant la grille d'arbre,  alors maintenant que je sais comment marchent les sanisettes, hein ..."

Une liste de noms ou prénoms à faire vivre (12/11/2012)

 (Chacun écrit une liste d'une dizaine de noms qu'il/elle passe à sa voisine)

1- Mouloud : il parle une langue que je ne comprends pas, mais ses potes, eux, acquiescent d'un hochement de menton final. Fringué sport, mais sportif de canapé, voire de canapés bouger-manger.fr
2- Fred passe si vite sur son vélo qu'il a à peine le temps de rendre son salut. Napaltemps ?
3- Toni, Tony pardon a l'immense fierté abdominale de servir, oralement généreux, des sandwiches qui auraient dû finir en compost depuis longtemps. Mais du Môssieur Du Con de la Triste Figure et ses principes, on s'en tamponne grave: y a le match, con !
4- Marguerite épelle son nom au préposé municipal, adjoint administratif de catégorie C. Ils ne s' amusent pas. Elle ne parle pas fort et il fait semblant d'écouter. La file des mornes s'allonge.
5- Michel sait tout sur tous, a une opinion sur tous, et même parfois plusieurs selon qui lui assène, il écoute aussi tout, mais on se demande s' il comprend tout. Surtout ce qu'il dit.
6- Simon ne se remarque que par sa kippa, un autre genre de tchador mais en plus correct. Et pour les messieurs. Il marche droit, il est dans son droit, Dieu est de son côté. Il le sait sa mère lui a dit. Et il est dans son quartier.
7- Fatia se tait. Elle a de beaux yeux qui semblent si loin et qui n'en pensent pas moins, à un mètre derrière une nuque taillée au cordeau, elle-même précédée d'une barbe brute.

Bottin - définition subjective des termes dans une ville (12/11/2012)

 (Bottin, Mobylette, Frigidaire, etc)

1 -  le café, espèce en voie de disparition programmée, c'est le vrai poumon de la ville, du village, du bourg. Là où l' on  se rencontre, on fait une pause, on contemple le temps qu'il fait, en silence ou comme une politesse avec des inconnus, et plus si affinités. On s'imagine leur(s) vie(s), on refait le monde, on attend, on rit, on joue.
2 - le pont, vieux ou récent, c'est la main tendue entre 2 mondes, en général socio-cloisonnés, un endroit où le passage en altitude est plus marqué qu' ailleurs, où la fantaisie ou l'orgueil des puissants s'exprime en perspective depuis le recul offert par la berge. Et puis, sans les ponts, l'eau ne coulerait pas dans un proverbe.
3 - la gare, l'endroit de toutes les évasions, rêvées ou subies, aux 3 temps et dans tous les modes. Cette cathédrale laïque autrefois dédiée à la vitesse qui rend fou, est aussi un théatre pour le sentiment, l' amour, l'amitié, les séparations et les retrouvailles, l'immobilité et la précipitation.
4- l' hôpital, depuis que l'accent a remplacé son "s",  c'est devenu l'avant-dernière demeure des mourants, et la première des vivants. Tout ce blanc y est aveuglant, encore aiguisé par l'éclairage. J' aime pas.

mardi 6 novembre 2012

le trajet du boulot, ou "Entre terre et mer"

Thème : le trajet du boulot, après moult dessins compliqués, yeux fermés et main levée

    Entre terre et mer, mer et terre, le serpent de mer mue sous la Corniche, Marseille, France, Planète Terre. Prélude à l'horizon, laçant de noir le blanc et le bleu, il se prélasse, lassé des décibels, insensible aux crissements des stressés du bitume.
J'y vire au retour, toujours, pour finir de freiner. Pour me laver du quotidien, le regard vague dans les vagues, au loin, rêver d' encore plus loin, d'encore plus lointain, sous la moitié d' hélice bronzée qui salue sans se lasser, exquise politesse, le phare de Planier.
Une vue si belle pour une cité si poubelle.

Récapituler sa semaine

User et abuser de la formule "avoir + participe passé" sur le modèle du "une heure du matin" de Charlie "HandsomeOfTheAir" Beaudelaire
Aujourd'hui Lundi, avoir collé ma carte de bus, collé ma carte de métro, collé ma carte de tram, collé ma carte d'accès sécurisé à LA tour d' ivoire grise et noire, avoir constaté le naufrage portuaire du Napoléon Bonaparte juste après Radio Coursive.
    Avoir téléphoné, réuni, écrit, réfléchi, joué dans un remake de Camera Café, avoir jonglé entre stress et ennui, retrouvés comme le costard trop étroit du vendredi, du jeudi, du mercredi, du mardi, et même du lundi précédent, quelle belle unité de temps de lieu, et d'(in)action! Avoir heureusement vécu le reste du temps dans mon autre temps :
- avoir Dimanche matin, composé une chanson en 3 heures compulsives, 
- avoir couru l' après-midi contre le Mistral pour aller voir hurler les vagues en furie,
- avoir appris Samedi après-midi à chanter avec le nombril, avoir respiré bébé dans un crash-test de hatha-yoga-kundalini (sic), avoir massacré au moins un dos en tentant de le masser thaï, avoir écouté la lumineuse prière de Sudeshna, joueuse de sarod,
- avoir, Vendredi, joué dans "l'ancillaire célibataire" avec pour partenaire une récalcitrante poussière,
- avoir, jeudi, aidé Jordy, un petit de sixième, Angolais nul en Anglais, à faire sa géométrie sans entrain apparent, pour sans doute faire le malin le lendemain devant les copains ("Sans les mains!")
- m' être mercredi, posé quelques questions qui ne regardent personne, et que personne n'a regardées,
- avoir, mardi, dormi à l' heure où même les poules jouent encore à renard perché,
- et avoir, lundi, écrit, comme aujourd' hui. En fort aimable compagnie. Si, si.