lundi 29 décembre 2014

Il avait fait des études scientifiques brillantes Jeannot, il avait obtenu un doctorat en botanique, il avait arpenté les collines en quête d'espèces rares pour confectionner des herbiers de grande valeur, il avait répertorié un nombre infini de plantes en tout genre. Il voulait occuper un poste au musée d'histoires naturelles, ce poste il l'obtint et il s'apprêtait à travailler d'arrache pied avec  le conservateur Mr Barchasse. Oui mais voilà, Mr Barchasse ne s'intéressait qu'aux animaux, c'était un taxidermiste de renom, il empaillait tous les animaux morts qu'il trouvait et parfois même guettait ceux qui étaient encore en vie. Un matin , il s'était servi des herbes sèches de Jeannot pour emplir un blaireau.
Dans cette affaire, Jeannot s'est senti lui même le blaireau, il démissionna sur le champ.
Depuis il est réfugié au dernier étage d'un vieil immeuble du centre ville. Il a pu occuper une sorte de verrue mansardée donnant sur le toit.Profitant d'un bel ensoleillement, il développe ses cultures, des treillages de fortune soutiennent les grimpantes et les rampantes partent à l'assaut des tuiles et cheminent dans les gouttières. Imaginez les jours de pluie! Tous les locataires se précipitent chez Jeannot en vociférant mais impossible d'ouvrir la porte, tout est bloqué par le végétal. C'est qu'il a la main verte Jeannot ! Son deux pièces est une vraie jungle, il parait même qu'il dort dans un hamac.
N'essayez pas d'ouvrir la porte, descendez plutôt dans la rue, levez la tête et admirez la corniche illuminée d'une drôle de lumière bleue. Que fait donc Jeannot dans la soupente du 33 rue Volubilis?
On ne le voit jamais Jeannot, on surprend juste quelques ombres furtives à des heures tardives.

dimanche 28 décembre 2014

1 immeuble

Ouvre la porte au deuxième étage à droite de l'ascenseur ou à gauche si tu montes à pied.
Ouvre la porte, petit Gégé a tout aspiré, nettoyé, briqué, c'est qu'il a peur des maladies petit Gégé, il a tellement frotté petit Gégé que les microbes ne peuvent  plus se poser , ils glissent ou ils se prennent les pattes dans la cire.
Ouvre la porte, tout est désinfecté, tu vas sentir la javel, il ne veut pas être contaminé petit Gégé, pourtant tu vas l'entendre tousser mais rassure toi, c'est le chlore qui lui attaque les narines.
Ouvre la porte, une nouveauté chez Gégé, une raquette électrique, il a trouvé cette invention chez le droguiste du coin, en plus il est sadique maintenant, il ricane en écoutant griller les mouches sur son engin diabolique.
Ouvre la porte et tu verras petit Gégé courir dans l'appartement en chassant les mouches.
Ouvre la porte, petit Gégé a oublié les escaliers, il s'est cassé une jambe, on l'a retrouvé avec sa raquette autour du cou et devinez quoi, des blattes lui couraient sur la tête.
Ouvre la porte, personne chez petit Gégé, les pompiers l'ont emmené, il hurlait il ne voulait pas aller à l'hôpital, il avait peur des maladies neucosomiales.
Ouvre la porte, personne, pas tout à fait des souris se sont invitées chez petit Gégé car c'est bien connu quand le chat n'est pas là les souris dansent!

vendredi 26 décembre 2014

Un invité douteux

Quand mon cousin m'a demandé de l'héberger, je n'ai pas pu lui refuser.
Il est arrivé un soir à onze heure, avec deux sacs à dos,
trois valises et un fil à couper le beurre.
Il s'est installé, peinard, dans le canapé et m'a demandé de lui faire à manger.
Puis il a pris une douche et m'a embrassé sur la bouche,
avant d'aller dormir dans mon lit, me laissant le salon pour y passer la nuit.
Il ne travaille pas et fume toute la journée, vide le frigo et, sympa, m'attend pour dîner.
C'est un grand philosophe et fait part de ses trouvailles, 
ses pieds sentent la rose et il connait le braille.
Depuis dix mois déjà il est à la maison, il reste encore un peu : il apprend le violon.
Mon mari est parti, me disant "Chérie, c'est moi ou lui ! "
Je ne sais plus où j'en suis, et je pleure et je ris.

Les petits papiers

VITE 
AMOUR PROPRE
JAMAIS FINI

       nous arriverons
       sur une
       planète déserte
       où tout sera à faire
j'aime le
chocolat et
.toi
Ecrire, taper au kilo-
mètre, sans s'arrêter,
ne pas souffler, ne pas
se retourner, aller de
l'avant, d'un mot à
l'autre,
d'un
rêve                                                         Un tout petit
                                                                poisson rouge
                                                                pétille de mille
                                                                petits  pets qui
                                                                pépitent pétillants,
                                                                petites bulles percées
                                                                en milliard de gouttes
                                                                perlées.
L'Espagne affolan
te. Le Torrero est 
mort. La danseuse
tourne les castagnettes
.chantent le bolero
Rouge lune Sang
pleurs Noir Bleuté
exactement
c'est cela .
tu as raison
                                Veux tu danser

Mandibule
Bulle de
savon
von
von
von

Pauvre petit carré un peu tordu pas une réussite mais ce n'est pas grave il dessine malgré tout une
surface vide à remplir peut-être     mais c'est beau le vide








lundi 15 décembre 2014

Bestiaire fantaisiste


L’ours noir du Népal.
Il est raconté dans les légendes indiennes que l’ours noir du Népal est capable de manger en un seul repas pas moins de trois yacks ! Son estomac extraordinaire a la capacité de gonfler presque indéfiniment, si bien que sa digestion et son sommeil peuvent se prolonger pendant les longs mois d’hiver.

La Licorne du milieu de la nuit.
Il est rapporté dans le manuel des humeurs sombres à l’origine aussi incertaine que douteuse (Transylvanie, 1147 ? ) que certaines personnes confuses à l’imagination exacerbée sont capables de rêver au milieu de la nuit de la Licorne Noire. L’épouvante provoquée par cette vision est, selon certains, un signe d’un funeste présage : immanquablement on retrouve dans les heures qui suivent ces personnes passant de vie à trépas dans d’atroces angoisses.
La crispation infinie de leurs visages, des hématomes, des griffures et d’atroces automutilations abjectes défigurent leurs corps qui semblent avoir accompagné leurs âmes aux confins des mondes noirs de la mélancolie.

Le mammouth Scandinave.
Dans les annales d’un monastère du haut moyen âge (année 998 après J.C) du bourg de Falaise il est écrit de source sûre que les barbares du Nord, ces féroces Vikings amenèrent dans un gigantesque Drakkar un animal exceptionnel. C’était un mammouth scandinave : Titanesque il ne mesurait pas moins de 20 coudées et sa masse extraordinaire était capable de réduire en miettes le plus fort des remparts. De plus son pelage était aussi roux que le manteau du Diable !
On rapporte que les pauvres chrétiens du bourg de Falaise crurent voir en l’apercevant l’incarnation animale de l’Antéchrist venu sur terre pour ravager le monde à l’approche de l’an mil !

Le mouton à cinq pattes.
Invention très moderne de l’administration. Pris par une inspiration profonde, des cadres motivés de la fonction publique imaginèrent cet animal fabuleux comme la représentation métaphorique de l’employé modèle :
Le mouton à cinq pattes devait répondre avec diligence et efficacité aux demandes variées et infinies des usagers. Dans le même temps, il devait ne jamais se départir de l’attitude humble et soumise inhérente à sa fonction.



Quelqu’un

Quelque part quelqu’un parle de quelque chose,
Quelqu’un d’autre l’entend mais il est sourd,
Quelque part ce quelqu’un se demande :
Quelqu’un comprend t’il quelque chose ?
Quelqu’un de nulle part,
Quelqu’un d’ailleurs.

Quelque part quelqu’un parle de quelque chose,
Quelqu’un au cœur léger de montgolfière à
Quelqu’une murée dans un silence de pierre.
Quelqu’un entend t’il quelque chose ?
Quelqu’un de nulle part,
Quelqu’un d’ailleurs.

Quelque part quelqu’un parle de quelque chose,
Quelqu’un aux mille et une vie à
Quelqu’une aux mille et une nuit.
Quelqu’un de nulle part,
Quelqu’un d’autre,
Quelqu’un d’ailleurs.



Liberté chérie !


Jojo : (l’enfant sauvage. Nus pieds, habillé d’un pantalon sale et d’une chemise débraillée, les cheveux ébouriffés qui n’ont jamais connu le peigne) : Pour moi la liberté, c’est la nature : le vent, la course dans les champs, les pierres et leur mousse, l’eau libre !

Tchalco : ( le violoncelliste. Barbu avec des cheveux bouclés il a les yeux noirs de malice et les mains fines et agiles des musiciens virtuoses) : Pas de doute, ma seule liberté, c’est la musique. L’impro est la création pure. Sans elle, je ne suis rien car tout ce que je suis est ce qui est vivant, ne se voit pas et s’entend seulement !

Hélène : (la danseuse de flamenco. Belle, les cheveux noirs tressés entourés d’un foulard, elle porte avec aisance une robe rouge qui descend jusqu’aux chevilles) : tu le sais bien, quand tu joues de ton violon, c’est la vie qui danse et moi avec ! Voilà ma liberté ! C’est celle du mouvement, l’éclatante liberté du plaisir, la joie du corps léger, l’infini permanence de l’éclair !

Ratignasse : (l’éleveur de chevaux. Cet homme massif porte des bottes et un chapeau de feutre. Ses cheveux gris sont courts, sa peau est basanée, il a toujours une veste au dessus de sa chemise) : c’est vrai Hélène, tu nous éblouis comme un soleil de jeunesse mais pour moi, tout cela passe et seul reste en moi la course des chevaux. J’aime plus que tout, leurs muscles saillants, leurs souffles profonds dans une course au galop effréné !

Bébert : ( le conteur, un homme simple) : Tout cela ne serait pas possible sans le rêve : le rêve d’espace de musique et de danse. Le rêve d’un cavalier fou et de sa course d’étoile !

Fernande : (la maman : d’un certain âge, elle a une silhouette ronde. Ses cheveux coiffés en deux tresses sont surmontés d’un chapeau de feutre. Elle porte une grande jupe plissée grise et un chemisier de laine). : Tu radotes, Bébert ! Rien n’est plus doux qu’une tranche de lard et une bouchée de pain dans l’estomac de l’homme qui a faim ! Ne t’es tu jamais posé la question ? Vis tu de l’eau des chansons des danses et de l’amour ?

Jojo : oui, moi j’en vis ! J’embrasse la terre, je me roule sur elle et en fermant les yeux je mets mon nez dans l’herbe et je respire enfin. Quoi ! N’est tu pas capable de comprendre cela ?

Tchalko : Laisse un peu ouvert tes oreilles Jojo ! bien sûr tu comprendras mieux les oiseaux, le vent dans les sapins et le rythme sourd de ton cœur ! Mais, ce n’est pas suffisant. Ecoute enfin la musique : c’est la seule vraie vie ! L’élan ! Le départ de tout !

Hélène : Vient jojo ! Ne les écoute pas ! Vient te reposer à coté de moi ! Tu es l’enfant que je n’ai jamais eu et je suis celle qu’il te faut ! Mon corps est ton refuge, ton jardin et même ton lit douillet ! Joue nous de la musique Tchalko ! Je veux qu’il danse aussi ! je veux des éclairs du rythme et de la vie !

Rastignasse : C’est vrai ! Laissez-vous aller ! Dansez, enivrez vous ! (il débouche une bouteille) Moi et mes chevaux nous vous regarderons. Demain, avec eux nous pourrons partir à nouveau, plus loin, plus haut, derrière les collines, au-delà des montagnes ! Nous découvrirons l’horizon et les ciels d’ailleurs !

Bébert : vous êtes ma vie, mon cœur, mon âme ! Vous êtes l’énorme creuset dans lequel bouillonne mes histoires : sans vous je ne serais rien Les mots que vous me donnez sont les échos de mon âme, son extrême résonance. Merci, grâce à vous je voyage et j’ai les yeux fermés !

Fernande : Venez mes enfants du voyage ! Venez là et régalez vous bien ! Ma marmite c’est mon cœur qui bouillonne. Il y a dedans tout les légumes du monde, les poèmes et les histoires, le pain et la viande si doux à vos palais !

N’oublie pas le vin, Rastignasse ! C’est le nôtre, celui de la bohème ! Son parfum c’est celui de la liberté : ses couleurs sont écarlates et il claironne dans la nuit !



jeudi 11 décembre 2014

Rez de chaussée gauche au fond du couloir


C'est au rez de chaussée, c'est pratique car l'ascenseur est souvent en panne.
Au fond d'un couloir plutôt sombre (l'éclairage ne fonctionne pas souvent non plus), mais égayé par de grands tags colorés, la porte n'est jamais fermée à clef. Elle s'ouvre, claque, se referme à longueur de journée.
C'est qu'il ya du monde dans ce logement: Huit enfants, de dix-sept ans à treize mois. Trois garçons, cinq filles. Et leur mère, Tamata, imposante par sa prestance et sa silouhette. Elle ne se pèse jamais, ça casserait la balance, elle enroule ses rondeurs dans un large boubou, et elle passe le plus clair de son temps dans un rocking-chair en bambou, planté au milieu du salon. De là elle peut voir tout ce qui se passe dans la maison, et surveiller aussi la porte. Nul ne la franchit sans son accord. Mais heureusement pour les enfants et leurs copains, il y a aussi la fenêtre de la petite chambre du fond, inaccessible à sa vue, celle-là; c'est pratique, le rez de chaussée.
Dans ses bras, il y a Abou, le dernier bébé, accrochée en permanence à son sein. Celle-là ne lui échappera pas de si tôt.
Mais les autres vont et viennent, crient, chantent, dorment ou dansent à leur guise. De temps en temps, quand Tamata hurle trop fort, ils ouvrent même leurs cahiers de classe.
La seule obligation est d'aller faire les courses et préparer à manger, car Tamata ne bouge plus elle est trop lourde, elle dort même dans son fauteuil.
Alors les garçons vont chez l'épicier du coin, c'est leur rôle, ils remplissent de grands sacs en plastique rayés, ils paient de loin en loin, quand l'un des papas est venu en visite avec quelques billets.
Et les filles cuisinent, la tradition ne doit pas se perdre, des frites, des pizzas, un gombo les jours fastes...
Les jours fastes, justement, ce sont les jours de visites des papas. Ils sont six. Chacun leur jour, car il faut soigneusement éviter qu'ils se rencontrent, ils sont jaloux. Donc le lundi Ali, père de l'ainé, le mardi Moussad, père des deux cadets, et ainsi de suite toute la semaine. Bien sûr chaque père ne vient pas chaque semaine, ils ont d'autres occupations, et puis ça fatiguerait trop Tamata. Kassoum, le père d'Aminata et Abou, ne vient qu'une fois par an, il habite au Nigéria, mais toujours un jeudi, et alors, quelle fête!
Oui, c'est très bruyant,au rez de chaussée à gauche au fond du couloiir, mais dans l'ensemble on y est plutôt heureux.

dimanche 7 décembre 2014

Définitions

Excès : n. m. Après coup, fait de ne pas être allé assez loin. Appel à recommencer.
Larme : n. f. Résultat de la distillation forcenée des sentiments. Parfois, nec plus ultra de la fausseté humaine.
Zoo : n. m. Lieu d'éducation essentiel afin de pouvoir montrer aux enfants que Bambi est un connard.
Œuf : n. m. Meilleure manière de faire cuire une poule.
Porte : n. f. Distributeur d'hématomes, voire de fractures. Entièrement gratuit.
Pénombre : n. f. I. Lumière en état de dépression avancée. II. Ombre tapineuse fardée à la truelle.
Biscuit : n. m. Élément architectural de base chez les bonshommes en pain d'épice.

« Hortense »

Le vrai nom d'Hortense, c'est Félicia. Mais ça fait bien longtemps qu'on ne l'a pas appelée par ce prénom. Toute petite déjà, elle insistait pour qu'on l'appelle Félix. Car oui, elle voulait être un garçon. Mieux, elle savait qu'elle était un garçon, que Dame Nature s'était juste trompée en la collant dans un corps de fille. Il lui a fallut du temps pour convaincre les bonnes personnes mais finalement, des années plus tard, elle a finit par réparer l'erreur, et est devenue un homme. Ça lui a coûté cher, au sens propre comme au figuré. Heureusement, au fil du temps, les choses se sont appaisées, petit à petit. Il a même réussi à reparler à ses parents, et eux sinon à accepter, du moins à tolérer ce qu'il est. Oui mais voilà, à l'aube de la cinquantaine, Félix s'est rendu compte qu'il aimait toujours s'habiller en femme. Ne vous méprenez pas, Félix est bien un homme, il n'a aucune envie de rejoindre de nouveau la gent féminine. Il en connaît trop bien les travers. Mais depuis six mois, chaque vendredi soir, il revêt ses plus beaux atours, sa belle robe bleue et ses escarpins dorés, il se maquille comme sa mère le lui avait appris, trente ans auparavant, et c'est sous le nom si joliment désuet d'Hortense qu'il va arpenter le dance-floor du Saltimbanque, où il passe la nuit à danser, à célébrer sa vie, sa liberté, au milieu de ses frères et sœurs métamorphosexués. Et vous savez quoi ? Il est heureux.

Appartement 913

Le jeune homme est assis dans un rocking-chair. Il se balance doucement. Les yeux fermés, il n'a pas l'air d'écouter la télé qui hurle à voix basse. La pendule affiche 0:32.

Ouvre la porte.

Le death metal en sourdine a laissé la place à un talk show pastel et insipide. Le fauteuil ne se balance plus. Le soleil entre par la fenêtre et éclaire le jeune homme en contre-jour. Ses yeux sont fermés. La pendule affiche 9:15.

Ouvre la porte.

À l'écran, un homme qui sourit trop vante les mérites d'un aspirateur qui ne convainc pas assez. Des rires d'enfants se font entendre à travers la vitre. La pendule affiche 14:43.

Ouvre la porte.

Deux flics de choc poursuivent pied au plancher deux truands qui tentent de se faire la malle. Les pneus crissent, les balles claquent, toujours à volume réduit. L'orange du soleil couchant se reflète sur la tôle du supermarché d'en face, et donne une teinte chaude à la pièce. Rien ne bouge. La pendule affiche 19:59.

Ouvre la porte.

La nuit est tombée. Il fait froid dans l'appartement. On n'entend pas le moindre bruit, à part la télé qui pousse de nouveau la chansonnette, in petto. C'est l'heure où tout le monde dort. Soudain, le torse du jeune homme s'affaisse. Son bras tombe le long du fauteuil, et avec lui le garrot qui se défait, et la seringue qui teinte contre le parquet. La pendule affiche 1:08.

Ferme la porte.

mardi 2 décembre 2014

Notre dictionnaire

Pour placer notre oeuvre encyclopédique sous les meilleurs auspices, voici quelques extraits du "Dictionnaire du Diable" d'Ambrose Bierce :


Australie : Pays situé dans les mers du Sud, dont le développement industriel et commercial a été épouvantablement retardé par une fâcheuse querelle entre les géographes sur la question de savoir s'il s'agissait d'une île ou d'un continent.

Aborigènes: Personnes de moindre importance qui encombrent les paysages d'un pays nouvellement découvert. Ils cessent rapidement d'encombrer; ils fertilisent le sol.

Bacchus: Divinité complaisante inventée par les anciens pour excuser leurs excès de boisson.

Bruit: Puanteur dans l'oreille. Musique non domestiquée. Produit principal et signe authentique de civilisation.

Cadavre : produit fini dont nous sommes la matière première.

Cannibale: Gastronome de l'ancienne mode qui reste attaché aux saveurs simples et qui milite pour l'alimentation naturelle pré-porcine.

Cerveau. Appareil avec lequel nous pensons que nous pensons. Ce qui distingue l'homme qui se contente d'être quelque chose de celui qui souhaite faire quelque chose.

Chat: Automate doux et indestructible fourni par la Nature pour prendre des coups de pied quand quelque chose ne va pas dans le cercle familial.

Chemin de fer: Le plus important des dispositifs mécaniques qui nous permettent de nous déplacer de là où nous sommes à là où nous ne serons pas mieux.

Chou-fleur: Légume potager à peu près aussi gros et aussi réfléchi que la cervelle d'un homme.

Cochon: Animal (Porcus omnivorus) Étonnamment proche de la race humaine par la vivacité et la splendeur de son appétit, qui néanmoins lui est inférieur dans sa portée, car il n'inclut pas le cochon.

Comestible: Susceptible d'être mangé et digéré, comme un ver pour un crapaud, un crapaud pour un serpent, un serpent pour un cochon, un cochon pour l'homme et l'homme pour le ver.

Conversation: Foire où chacun propose ses petits articles mentaux, chaque exposant étant trop préoccupé par l'arrangement de ses propres marchandises pour s'intéresser à celles de ses voisins.

Cynique: Grossier personnage dont la vision déformée voit les choses comme elles sont, et non comme elles devraient être. De là l'ancienne coutume scythe d'arracher les yeux d'un cynique pour améliorer sa perspective.

Dictateur: Chef d'une nation qui préfère la pestilence du despotisme à la plaie de l'anarchie.

Dinde: Gros oiseau dont la chair, quand on la mange à l'occasion de certains anniversaires religieux, a des vertus de ferveur et de grâces. Incidemment, c'est un excellent mets.

Distance: La seule chose que les riches soient prêts à accorder aux pauvres, en souhaitant qu'ils la gardent.

Égotiste: Personne de goût médiocre, plus intéressée par elle-même que par moi.

samedi 29 novembre 2014

Appartement 117, 13 ème étage.

Elle est assise en tee-shirt et jean devant son ordinateur. Elle sourit à l’écran. Derrière elle, son lit défait. Dans un coin, un nounours, dans l’autre une guitare. Elle écrit sur son clavier : sa chambre
est une bulle et son monde est ailleurs.
Il y a un comme un parfum qui flotte. C’est sûr, la vie est passée par là. Dehors, à travers les rideaux entrouverts, miroite la ville et ses immeubles en mille petites lumières.

Voilà, elle a fini. Elle clique sur « envoyer ». Le message est parti. Les bips électroniques passent de la mémoire au réseau  et arrivent comme des milliards d’autres dans un gigantesque data center.   Là, ils attendent gentiment que son destinataire l’ouvre.

Elle sourit, sa lettre est envoyée. Elle pense au temps d’avant, celui du papier et des enveloppes. Elle n’est pas nostalgique : Son plaisir de correspondre est toujours aussi grand. Distraitement, elle se lève. La pendule marque deux heures du matin, elle ne veut pas dormir.

Pourtant, elle préfère s’allonger. Son jean est trop serré. Elle le quitte et c’est un soulagement. Quel est ce monde si virtuel aux sensations et aux émotions si réelles ?  A coté  d’elle, soudain  les objets se mettent à respirer. Elle aussi peut maintenant se détendre : dans sa chambre, elle est dans sa bulle et son oreiller lui tend gentiment les bras

________

Voilà, justement une histoire que l’on rapporte sur cet appartement 117 : Il y eut dans cet endroit pendant de nombreuses années une sorte de groupement mystérieux que l’on appela sans trop savoir pourquoi  « la secte des trois hommes libres » 

Elle ne fit jamais parler d’elle directement. On entendit seulement sur elle des échos, des rumeurs, des suppositions sans que jamais quoi que ce soit fut prouvé par des faits réels. Elle était comme la matière noire qui justifie seulement sa réalité par les effets gravitationnels indirects sur les astres 
visibles de l’univers.

C e qui est certain, est que là, habitaient trois hommes que rien normalement aurait dut réunir : pas d’intérêt financier, de pouvoir, de sexe, rien de tout ce que les gens imaginent normalement. Pas, non plus  de lien de famille, au sens ou on l’entend communément.

Ce que la concierge de l’immeuble avait remarqué  est que ces trois personnes se réunissaient tout les mardis soir alors que seulement un seul des trois à tour de rôle habitait là haut pendant une semaine.  Jamais, malgré quelques tentatives infructueuses, elle ne put pénétrer à l’intérieur. De temps en temps, l’esprit tiraillé par la curiosité, elle montait (par les escaliers, pour ne rencontrer personne et éviter le bruit de l’ascenseur) et collait son oreille indiscrète à la porte. Souvent, elle n’entendait rien. Quelquefois de la musique. C’était du classique, c’est tout ce qu’elle put dire. Je vous épargne les détours un peu sombres dans la pensée de cette dame. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’elle remplissait sans fin le vide de sa vie avec celle des autres, et que, comme ce vide était intersidéral, elle ne finissait jamais de le remplir. En vain.

On suppose, dans les milieux bien informés, qu’il y aurait eu dans cet endroit une sorte  de groupement secret, une secte, puisqu’il faut bien lâcher le mot. La définition de cet univers est d’être parallèle, un peu comme une bulle, à coté,  impénétrable au commun des mortels.  Leur code de communication reste secret et mystérieux. Dans l’esprit de la concierge, l’idée d’un groupe 
terroriste plana, bien sûr ! Un des individus avait la tête d’un arabe mais les deux autres
ressemblaient à des européens tout à fait normaux. En plus, ils n’avaient pas de barbes, ce qui, à la réflexion, lui enleva tous ses doutes.

Ils s’habillaient de la façon neutre et grise de ceux que l’on croise habituellement dans la rue sans
jamais les remarquer. Ils portaient toujours avec eux, une sorte de petit attaché case qui semblait d’un poids normal. 

Les suppositions auraient pu continuer indéfiniment :  il manquait indiscutablement des faits, des objets, n’importe quoi sur lequel une réalité aurait pu construire sa représentation. Rien que cela était une sorte de souffrance, un doute qui se creusait dans le silence dans l'esprit des voisins de 
l’immeuble ; Il manquait une case à leur réalité : c’était l’appartement 117 !



vendredi 28 novembre 2014

Chez Francis

Au huitième étage, les appartements n'ont jamais été terminés. Ce n'est pas pour ça qu'ils sont vides, bien au contraire. Au 815 par exemple vit Francis. C'est quelqu'un de très gentil, Francis, toujours poli. On ne l'a jamais vu hausser le ton. C'est un grand bonhomme, Francis, et massif aussi. Il a un visage rond et imberbe, et ses yeux se plissent quand il sourit. Il ouvre rarement la bouche, peut-être parce qu'il n'a plus beaucoup de dents. Parce que oui, Francis est sans domicile fixe. Il squatte le 815 depuis deux ans maintenant. Il a été un des premiers à poser ses valises dans l'étage abandonné. Remarquez, on ne dirait pas qu'il est à la rue. Il ne se plaint jamais, faut dire. Et puis avec son teint rose cochon, son béret et son chariot, il fleure tellement la vieille France paysanne qu'au marché, les militants du FN l'accostent systématiquement pour lui refourguer leurs tracts. Lui leur répond toujours avec la même amabilité, à eux comme aux activistes FO, aux évangélistes, aux anarchistes punks, aux écolos hippies, et même aux flics. C'est la bonté incarnée, Francis. La seule chose qui l'intéresse, c'est la cuisine. Il passe tout son temps derrière les fourneaux. L'appartement ne lui sert qu'à ça. Il cuisine pour lui et pour qui veut, pour tout le monde, pour n'importe quel pélos qui passe le seuil de son chez lui, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Même pas besoin de frapper, la porte n'a jamais été montée. Francis nourrit tout l'étage comme ça. Une bonne partie des franges de la cité vient aussi casser la croûte ici, de temps à autre. Les vagabonds de passage se refilent l'adresse entre eux. Tout le monde vient, parce que ce que Francis fait c'est toujours bon. On peut arriver les mains vides, pas de problème. On peut aussi arriver avec des pâtes, quelques légumes, des épices, tout ce qui peut garnir les rayonnages du garde-manger, autrefois dressing. On peut même débarquer avec une paire d'ustensiles, un réchaud, un four. La bande à Kader a monté l'installation électrique de l'appartement, repiquée sur le transfo du métro qui passe en dessous, en remerciement des repas livrés tous les jours aux grands-parents d'un des leurs. Des gitans qui lui avaient confié un repas de mariage lui ont même dégotté un piano de cuisson, qui trône désormais dans la cuisine, laquelle déborde sur ce qui aurait dû être un salon. Là et dans la salle à manger attenante, les gens mangent sur des tables qui viennent des hangars désaffectés. La salle de bain sert à faire la vaisselle, dans la grande baignoire. Les gens la font eux-mêmes, pas de souci. Pour la cuisine, surtout avec autant de bouches à nourrir, les punks qui squattent le reste de l'étage filent un coup de main, et en profitent pour apprendre. Les filles-mères, abandonnées ou non, les papas de dix-sept ans, célibataires ou non, viennent eux aussi. Et puis certains anciens, esseulés dans leurs petits appartements, qui apprécient la compagnie des autres le soir, et qui refilent leurs recettes à Francis. Elles finissent toutes dans les grands classeurs rangés sur l'étagère de la chambre, le seul meuble hors de la cuisine, à côté du vieux matelas sur lequel Francis passe ses nuits, enfin les heures entre minuit et quatre heures. C'est son trésor, à Francis. C'est le seul truc qu'il emportera avec lui quand il devra partir. C'est inévitable, un jour où l'autre il devra laisser là son petit paradis, et aller s'en reconstruire un autre ailleurs. Un jour, mais pas aujourd'hui.


 

vendredi 21 novembre 2014

Ouvre la porte!

Dans la cuisine de mme Lebaud  de cet immeuble 8éme étage il reste un poulet dans le four entrouvert intact.
Ouvre la porte
Dans la chambre rose de mme Lebaud le tableau de la vierge Marie sourit toujours indifférent à ce qui se passe.
Ouvre la porte
Dans la salle de bain de mme Lebaud un flacon renverssé de parfum à la violette imprègne encore les murs fendus comme les rides sur le visage de la morte
Ouvre la porte
Dans le couloir de mme lebaud qui mène au salon les pantoufles sont bien alignées côte à côte un peu trouées.
Ouvre la porte
La fenêtre du salon qui donne sur le mini balcon peine à s'ouvrir
j'insiste
Ouvre la fenêtre... Envole toi...

mercredi 19 novembre 2014

Ouvre la porte : une douce mélodie...

Ouvre la porte;
Une douce mélodie.
Ouvre la porte.
La fillette qui astique le piano. Elle range les partitions.
Ouvre la porte;
Un fou-rire qui retentit dans tout l'immeuble.
Ouvre la porte et regarde.
Les rires se taisent. Un silence pesant règne.
La pluie tombe.
Le tonerre gronde.
Mais la fillette est toute seule.
Ouvre la porte mais n'ai pas peur.
Toute seule, l'orage vient la chercher.
Elle pleure. Elle a peur. Mais personne pour la rassurer.
Ouvre la porte mais ne dis rien.
Elle marche à tâtons dans le salon.
Ouvre la porte, il fait nuit noire.
Elle s'approche.
Ouvre la porte et écoute bien.
Une douce mélodie.
Ouvre la port.
Elle joue timidement, ses doigts sont gelés, mais elle est seule. L'atmosphère est glaciale et lourde.
Ouvre la porte, regarde !
Elle continue de jouer.
Ouvre la porte.
Elle n'a plus peur, elle est partie.
Ouvre la porte, elle est dans sa bulle, la musique l'emporte bien loin dans le ciel dans un tourbillon de notes et de mélodie...




Christina

Va loin chère petite bouteille...

LA GAZETTE DU PETIT MARSEILLAIS 
 - Parution quotidienne- Article archivé (Numéro d'archivage : 68905532287612XUY), perdu,retrouvé puis reperdu- Numéro d auteur et date d'édition inconnus- Dossier à trier -



On entend de temps en temps parler d'histoire de bouteilles jetés à l'eau, miraculeusement retrouvées. Alors ce fait-divers-ci, est tout simplement exceptionnel... Un jour, un petit groupe de gens plus ou moins jeunes eurent l'idée de jeter une bouteille à l'eau contenant des messages, en espérant qu'un chanceux, dans quelques cent improbables années, retrouverait cette chère petite bouteille, puisse lire leurs messages empreints de mystère. Les expéditeurs espéraient que ce cher chanceux renvoie la bouteille et son contenu à son expéditeur (l'adresse du dénommé serait précisée,dans la bouteille !) et qu'ainsi, cette histoire incroyable et hors-du-commun, aurait été médiatisée dans la planète entière...Mais... mais... Mais !  Un certain jour, à une certaine heure, mystérieusement, miraculeusement ! De façon absolument inexplicable et totalement insoupçonnée, ce message, un poème, nous est parvenu, qui, nous a-t-il été certifié, proviendrait à 99,99... % et des poussières de la fameuse bouteille en question. Ne me demandez pas comment,ni pourquoi,  je ne saurais vous répondre...

Lisez ceci avant que je ne m'étende en explications futiles.


"Sable sur le rivage
Emporte tout sur son passage
Vagues somnolentes
Fougueuses et bel et bien vivantes ! 
Va loin, chère petite bouteille,
Aussi loin que le destin t'emmène..."

La trouvaille de ce poème aurait susciter énormément d’interrogations. Une enquête aurait aussi été ouverte pour vérifier la véracité des faits. Toutefois cette histoire a ému une poignée de romantiques et âmes sensibles, tant le destin de ce poème et de cette bouteille, semble romanesque !

Dès à présent, une question se pose : Où est cette chère petite bouteille, maintenant ?







Christina

Vague...

Je ne suis jamais arrivé(e). Je ne suis jamais parti(e). Je suis resté(e). En fait, j'étais là. Depuis toujours. L'ombre des vagues au loin. Le sel marin qui picote les narines. La mer lagune qui s'étend au loin, au-delà de l'horizon; et le ciel azur à perte de vue, avec quelques nuages blancs flottants. Le spectre des montagnes. L'air. L'altitude. Le vide. Les arbres majestueux, tous fièrement redressés sur leur tronc d'écorce sombre. Les collines et les vallées verdoyantes. Le chemin escarpé qu'on a parcouru avec difficulté, qu'on observe, lueur de triomphe, du haut du sommet en faisant de grands gestes enjoués. Le vent fou. Les ombres et les spectres jouent à cache-cache sous le soleil d'or et de plomb. Le sable qui virevolte dans l'air, agaçant les passants qui ferment les yeux. Les coquillages nacrés qui apparaissent tels des trésors pour les enfants qui les ont patiemment cherchés. Les spectres et les ombres jouent à trap-trap lorsque le soleil se couche, et quand l'air frais se lève. J'observe, je scrute et je regarde. Ça occupe tout mon temps. Les ombres et les spectres ne sont plus des spectres et des ombres, mais des vagues vagues et des silhouettes sombres et massives, illuminées par la lune, qui du haut de son ciel étoilé, souhaite une bonne nuit à la cité.  
Je ne suis jamais parti(e), même caché(e), je suis resté(e). En fait, j'étais là. Depuis toujours.





Christina

lundi 17 novembre 2014

Dans la cité puante

Hlm quartier Nord 8éme étage,une cage parmi tant d'autres sale dans un quartier qu'on nomme pourtant " La Rose"!
L'ascenseur encore en panne.
Je monte à pied.
C'est à droite chez mme Lebaud.
Tiens la porte est entrouverte! Elle a du oublier de la refermer. Je tape quand même ... Personne!
J'entre !
Etrange je ne perçois pas le grincement du rocking chair .
Je m'approche du salon ,la télé est allumée.
A coté du rocking chair des aiguilles à tricoter et les lunettes de mme Lebaud à terre.
Une drôle d'odeur pas du tout agréable.
Mme Lebaud semble dormir dans son rocking chair qui ne balance pas.
Je m'approche d'elle un peu trop immobile,teint blafard .
Je lui prends la main un peu inquiète de ne percevoir aucun souffle.
La main de glace retombe .
Mme lebaud est morte.

dimanche 16 novembre 2014

Lettre de moi à moi ...

Cher moi, 

Tu verras, un jour du mois de Novembre 2014, le 11 exactement, tu recevras cette lettre. 
C'est moi (ou toi ou nous) alors gamine de moi de 12 ans qui te l'écrit à toi (ou moi ou nous).
Je dis moins de 12 ans, parce que franchement entre 3 et 12 ans, tous les souvenirs se mélangent, je ne sais pas quel âge j'ai... 
Je sais seulement que je suis suffisamment grande pour aller de la maison familiale à celle de Papy et Mamy, seule, à pied, à dix minutes de là en passant par la petite route qui longe le cimetière et en faisant attention aux voitures, mais il n'y en a pas beaucoup. Il n'y a d'ailleurs pas beaucoup de risques, ni de dangers, ni de problèmes.
En passant devant le portail d'une grande maison, je vois une enveloppe qui dépasse de la boîte aux lettres. Je ne sais pas pourquoi, d'instinct, sans réfléchir, je prends cette lettre. J'ai l'impression qu'elle m'attendait, qu'elle était là pour moi et qu'elle m’appelait. J'ouvre l'enveloppe et je trouve en guise de lettre un plan, une direction et des indications pour trouver mon chemin. Toujours écouter ta petite voix intérieure, faire ce que tu penses être juste et ne pas trop te préoccuper du reste. Pour rester le plus possible paisible, tranquille, sereine sur ce chemin qui mène on ne sait où, mais devant.

3ème étage, sur cour

Il y a au troisième étage, dans l'appartement de vingt-cinq mètres carré, donnant sur cour, un jeune homme de trente-cinq ans. Il a un grand chien. Un bâtard énorme, grand, massif, de couleur grise et très gentil. Je crois qu'il s'appelle Bouba. Le chien pas le maître. Le maître, je ne sais pas comment il s'appelle. Dans ce petit appartement vivent donc un chien et son maître. Le chien a trouvé sa place, près de la grande fenêtre donnant sur la cour et il passe une grande partie de la journée à dormir. Le maître aussi.
En face de la place du chien, le jeune homme a mis son lit. Il s'agit d'un clic-clac et bien que ça prenne beaucoup de place, il ne referme jamais le clic-clac et ne fait jamais son lit. A quoi cela servirait-il ? Il est dans son lit une bonne partie de la journée...
A côté du lit, il a installé un atelier : une table inclinée, une bâche au sol et sur le mur et des toiles un peu partout. Il peint.

Etat Civil

Père : un arbre
Mère : une chanson
Lieu de Naissance : leur lit
Date : époque patte d'éph
École : la ville bruyante, active, dense
Domicile : chez les autres
Métier : régulier
Religion : celle qui réconcilierait toutes les autres
Loisir : vagabondage de la pensée
Signe particulier : propension à l'oubli

État-civil

Père : Impair et gauche
Mère : Veilleuse merveilleuse
Date de naissance : Un beau matin, entre deux giboulées
Lieu de naissance : Complètement à l'ouest
Nationalité : Gauloise blonde
Taille : Pas trop
Poids : Un peu trop
Yeux : Comme un ciel de septembre à Nantes
Domicile : Pas fixe, pas encore
Éducation : Une pleine étagère de bouquins, et deux ou trois bonnes fées
Métier : Aller voir où il ne faut pas, juste par principe
Religion : Apostat
Loisirs : Blablabla
Signes particuliers : nævi artificiels, tâches pas de naissance.

Changeons Marseille !

Enquête citoyenne :

Pourquoi ne pas prévoir une autorisation gratuite de parking selon sa plaque d'immatriculation ?

Pourquoi les poubelles en forme de bouche ne souriraient pas et ne remercieraient pas les passants qui prendraient soin de les nourrir ?

Pourquoi le stade n'ouvrirait pas ses portes gratuitement pour donner à manger aux SDF dans un délire entretenu lors de la victoire de l'OM ?

Et si un karaoké géant voyait le jour tous les samedi soirs sur le Vieux port ?

Êtes-vous favorable à l'introduction de la semaine des cinq jeudis uniquement à Marseille ?

Ne trouvez-vous pas indispensable qu'il faille définitivement majorer le cotient de réduction de la classe B pour les fonctionnaires marseillais bénéficiant déjà de la prime de reclassement productif ?

Êtes-vous favorable à la mise en vacance provisoire ou définitive de la série Plus belle la vie ?

Êtes-vous favorable à la suppression des portails électriques et par leur remplacement par rien du tout ?

Trouvez-vous que les syndics de copropriété ne gagne pas assez d'argent ?

Êtes-vous favorable à la mise en place d'une taxe d'exposition au soleil qui prendrait en charge la construction de parasol et d'endroits dans les entreprises propices à la sieste l'après-midi ?

Êtes-vous favorable à la construction d'un pont au-dessus de la mer reliant les Catalans au Roy d'Espagne ?

Êtes-vous favorable à une police municipale de proximité qui verbaliserait tous les véhicules garés en double file ?

Êtes-vous d'accord pour que les fonds ainsi récoltés soient reversés à l'AIL Sainte Anne ?

Êtes-vous pour un relooking du David ? Et son changement de tenue mensuel ?

Que pensez-vous d'une proposition de potager ou de jardin partagé sur la pelouse du Stade Vélodrome ?

Que pensez-vous de l'installation d'un système de chauffage collectif de ville par combustion de méthane dégagé par les animaux domestiques ?

Êtes-vous pour ou contre la coloration en vert de l'eau de mer sur la Corniche pour obtenir le label de "Ville verte, ville fleurie" ?

Faut-il enlever la statue de la Bonne Mère et la faire fondre afin que Marseille ait plus d'argent ?

Êtes-vous favorable à l'aménagement de voies spécialement réservées aux deux-roues ?

Êtes-vous satisfait de la mentalité marseillaise et de l'image que renvoie Marseille en son extérieur ?

Êtes-vous favorable à l'importation de girafes en centre-ville à titre de curiosités ?

Que pensez-vous de réaménager les entrepôts des docks en site de protection des rats ?

Trouvez-vous que Marseille à assez d'espaces verts ?

Êtes-vous favorable à la destruction du Parc Borély pour y construire des gratte-ciels ?

Que pensez-vous d'agrandir notre ville par des plateformes artificielles sur l'eau ?

Voulez-vous que Marseille devienne un état indépendant avec son propre gouvernement ?

Que pensez-vous de reconvertir les Calanques en déchèterie publique ?

Ne croyez-vous pas que cela serait intéressant de développer l'industrie de la vente des rats en boucherie ?

Que pensez-vous de créer une banlieue d'habitation sur arbre ?

Aimeriez-vous disposer du numéro personnel de M. le Maire, afin de pouvoir lui faire directement part de vos griefs ?

À quelle date souhaiteriez-vous que soit lancée la prochaine expédition punitive vers Aix ? Y participerez-vous ?

Êtes-vous pour ou contre la distribution gratuite de cailloux dans les gradins du Stade Vélodrome lors des matchs OM-PSG ? OM-OL ?

Êtes-vous pour ou contre équiper tous les bus de pare-buffles afin d'en finir avec ces abrutis en scooter ?

mardi 11 novembre 2014

Ici prochainement...

... Construction d'un immeuble

lundi 10 novembre 2014

Marseille rêvée

Le vent soufflait ce jour là, heureusement c'était la fête des cerfs volants. Lumière sur les rochers, lumière dans les papiers découpés, lumière que inondait la baie, lumière reflétée par la bonne mère pour protéger les marseillais, lumière éblouissante pour estomper les ombres qui entachent la ville. Cette écume scintillante nous guidait tout le long du rivage, elle éclairait les voiliers au passage entre les forts et les accompagnait au port. Et là par un drôle de mystère ils retrouvèrent la tête à l'envers sous l'ombrière. Puis sa violence calmée, elle nous a invités à monter à bord d'un bateau, nous avons écouté des histoires accompagnées du clapotis de l'eau. Au soleil couchant, elle s'est transformée en multiples rayons se faufilant dans les résilles du béton et tranquillement elle nous a accompagnés dans les ruelles du Panier. Quand le soleil  est tombé dans la mer, elle nous a quitté pour nous obliger à rentrer dans les musées. Pour terminer la journée un grand serpent blanc rutilant nous a conduit au palais Longchamp. Là aussi , c'était la fête pas du vent mais de l'eau, de l'eau douce pour cette ville flamboyante cette ville qui est tout sauf douce pas plus que la sirène des pompiers qui vient de me réveiller.

la fillette gouttelette

J'ai passé un été des plus pénibles, j'ai cherché en vain des copines pour jouer. Personne. Le soleil brillait sans cesse, il desséchait tout alentours. Les herbes sur lesquelles j'aime tant me balancer gisaient sur le sol jauni des prairies oubliées. J'ai cru ma dernière heure arrivée. J'étais fripée, déformée. je retrouvais ma jolie forme de goutte seulement le soir quand une légère brise marine venait me caresser la peau. Mais des l'aube la chaleur montait et mes congénères au lieu de me protéger voulaient m'avaler, moi "la fillette gouttelette" je les rafraichissais. Pas de pitié dans ce monde de brutes. Un jour, j'ai du remonter le tuyau d'une fontaine pour échapper à la langue d'un promeneur assoiffé, il tapait avec rage sur la sculpture et léchait la pierre où quelques amies s'étaient attardées. Puis l'automne revînt, la rivière s'est regonflée, elle m'a appelée, je suis sortie de ma cachette et j'ai pu ressauter de pierre en pierre, jouer avec les bulles des poissons, me faufiler dans la mousse. Je riais dans une cascade quand je vis un petit garçon qui écrivait et envoyait ses lettres au ruisseau.
-Méfie toi des courants, des rochers, confie moi plutôt ton courrier, moi je cours sur l'eau, dans l'écume, je porterai tes messages dans de bonnes conditions,ils arriveront à destination sans dommage.
Mais voilà, le pauvre garçon écrivait à l'encre. Dès le premier frôlement les lettres ont bavé et dans ma main transparente tout s'est dilué....les mots à la rivière se sont livrés.
"La fillette gouttelette" ne put jamais porter de lettres, elle pleura tant et tant que de "fillette gouttelette", elle devint étang.  

dimanche 9 novembre 2014

La femme acéphale


Je ne pense plus avec ma tête et je vois toujours le soleil à travers la chaleur de ma peau : je suis bien, il fait chaud. Un édredon de plume me sert de nid à rêves. L’oreiller, je le mets sur mon ventre et mes fesses rondes et fraîches me servent de climatiseur.

Mes doigts de pieds jouent de la musique mais je ne dédaigne pas le silence. Il est vaste, c’est le trésor du temps. Je ne compte plus car tout compte pour moi : l’homme au cœur papillon est mon amant du mardi après midi; nous parlons avec les mains; il aime bien particulièrement mes seins qui le lui rendent bien d’ailleurs. 

Après, nous allons au restaurant, dans sa grande voiture rouge décapotable. 
Alors, il met de la musique et nous fermons les yeux. C’est toujours bien car nous ne risquons rien : nous connaissons les codes de bonne conduite.

Nous dormons à la belle étoile, vivant d’eau fraîche et de l’air du temps; ce n’est pas celui de la télévision, c’est le notre, celui qu’on invente remonte et démonte comme une montre d’argent.

De moi, de nous, il y a tout à vivre puisqu’il y a rien à raconter. Nous mourrons en même temps que nos cœurs. Nous sommes de la même race, du même sang : il est rouge vif ardent et il reste vivant !

mercredi 5 novembre 2014

Marseille rêvée

Je voyais un tourbillon de couleurs, vivant, palpitant, débordant. Ça riait et ça criait, partout. Un labyrinthe, un foutoir, sale et bordélique, mais qui resplendissait sous la lumière. Il y faisait chaud, sauf quand le vent, ce vent, soufflait. Elle avait un bon côté, ce visage souriant, moqueur parfois. Des ruelles comme des rides, elle qui était la plus vieille. On s'y perdait, dans ce dédale, gauche puis droite, puis encore à droite, et encore à droite, tant de fois, trop de fois. Et puis d'un coup, la mer. Un iris glauque, chassieux de tous ses bateaux, surplombé par de l'or, comme ces bijoux qui leur perçaient les joues, à ces jeunes filles. Comble du mauvais goût, cette touche de trop typique de leur mère, si bonne. Mais elle avait aussi un autre visage, le mauvais, le septentrional. Celui qui riait et qui criait, mais qui cognait et qui tuait aussi. Et le sang, le sang qui coulait, qui ne faisait que ça, depuis si longtemps, depuis toujours, jour comme nuit. La nuit qui y était comme le jour, aussi vivante, aussi bouillante, dont le cœur tonnait quand le ballon entrait dans les filets, ce cœur blanc et vociférant, qui battait son rythme, qui la faisait vivre, plus que partout ailleurs, plus fort qu'ailleurs, pour le pire comme pour le meilleur. Un cœur qui battait comme la foule qui chantait, comme les pieds qui la martelaient, comme les balles qui claquaient, comme le vent qui soufflait, comme la mer qui allait et venait.

L'homme sans corps auquel il manquait la tête

C'est arrivé progressivement. J'ai perdu mes deux pieds, d'un coup. Impossible de savoir ce que j'en avais fait. C'était gênant, vous imaginez bien, mais je m'y suis fait. Et puis ce sont mes jambes que j'ai égarées. Habitué à ne plus avoir de pieds, ça ne m'a pas trop dérangé. Oui mais voilà, ma main gauche s'est fait la malle, bientôt suivie par le bras du même côté. J'avais beau être droitier, ce n'en était pas moins très handicapant. D'autant qu'elle aussi a filé à l'anglaise, la droite, peu de temps après, bras dessus bras dessous avec son bras. Me voilà tronc ! Tronc qui, piqué au vif, entreprit de se raccourcir, inexorablement. Le bassin d'abord, et tout ce qui y attenait encore, puis, chaque jour, un organe et quelques vertèbres, réduisant à chaque fois le sac de peau qu'était mon torse. Bientôt je ne fut plus qu'une tête. Je ne suis plus qu'une tête. Je suis toujours vivant, mais j'ai peur. J'ai si peur ! Vais-je la perdre, ma tête ? L'ai-je déjà perdue ? Je ne vois plus, mes yeux se sont tirés, mes oreilles aussi. Ma langue, ma peau, tous mes sens m'ont lâchement lâché. Il ne me reste que la pensée. Je pense toujours, je pense, oui, je pense, mais pour combien de temps ? Je pense, mais… mais, suis-je encore là ?

Résumé succint

Avant de naître, on n'est pas. On commence quand on naît.
Bébé, on est une machine qui avale de la nourriture pour grandir, au sens propre comme au figuré.
Avant l'école, on est plein de l'énergie que nos parents n'ont plus.
À l'école, on apprend à se taire, à s'assagir. Bref, on grandit.
Au collège, on croit qu'on n'est plus des enfants, alors qu'on l'est tellement que les vieux ont encore couche et tétine à la main
Au lycée, on est persuadé que le monde peut changer, comme nous, alors qu'il n'en est rien.
À la fac, on boit et on pleure, ou l'inverse.
Adulte, on essaie très fort de faire croire qu'on n'est plus des enfants.
Vieux, on pense à tout ce qu'on a fait, mais aussi à tout ce qu'on n'a pas fait.
Mort, on ne fait plus chier personne, mais nos idées le font à notre place.

La meilleure amie d'Adrien

Je me souviens...
Je me souviens d'Adrien,
je me souviens de notre première rencontre, et du temps béni où nous étions ensemble tous les jours, je me souviens de toutes les heures passées ensemble, de tout ce bonheur partagé... que tout cela est doux, que tout cela est resté beau dans mes souvenirs.
La première fois que je l'ai vu... quelle émotion ! J'étais chez le marchand de cycles, en ville, en train d'attendre je ne sais quoi, quand, dans l'allée centrale, quelque chose d'extraordinaire s'est produit... Adrien a posé son regard sur moi, son visage s'est illuminé, il me semble qu'il a murmuré quelque chose, je ne sais pas exactement ce qu'il a dit, peut-être a-t-il dit : « C'est elle ! C'est elle et aucune autre que je veux !» en tous les cas, même si ses lèvres ne l'ont pas dit, je suis certaine que ces yeux l'ont pensé et avant même que j'ai pu comprendre ce qu'il venait de se passer, il m'avait entraîné à l’extérieur, nous nous sommes retrouvés dans la rue, lui surexcité, moi perdue et pendue à son bras et... il m'a tout de suite ramenée chez lui !

J'étais bouleversée, émue, abasourdie par tant de précipitation et également flattée par cet empressement … je ne sais pas pourquoi, mais le fait est : il m'avait choisie, moi ! Parmi tant d'autres, c'est sur moi que son regard et ses mains se sont posés, c'est moi qui allait l'accompagner pour les années à venir. 
Et je n'en reviens toujours pas, lui si beau, si sportif, si élégant... Moi aussi, j'étais belle à l'époque, enfin belle... Disons que j'étais du style hyper bien roulée, une belle carrosserie, quoi... sans me vanter bien sûr...
Ce fut le début d'une histoire magnifique. Chaque jour, une surprise m'attendait, il ne se passait pas une journée sans qu'Adrien porte une attention à mon égard, il prenait soin de moi, il prenait le temps de me caresser, me lustrer, il ne lassait pas de moi, il me regardait et admirait mes courbes... oui, il était fier de moi, en fait, il adorait m'exhiber...! Son côté méditerranéen sans doute... Quand on sortait, il faisait attention à mon allure, il voulait que je sois parfaite. Lui aussi soignait son apparence : il se redressait, se grandissait, rentrait un peu plus le ventre, bombait un peu plus le torse et je savais bien que son air détaché, il mourrait d'envie de montrer quelle jolie paire on faisait... Il vérifiait à la dérobée si les passants nous regardaient, si je faisais de l'effet, si on se retournait sur notre passage... et effectivement, lui comme moi, nous faisions notre petit effet.

Mais ce n'est pas ce qui m'amusait le plus. Moi, ce que je préférais c’était nos promenades, juste tous les deux. C'était il y a bien longtemps, mais je me souviens parfaitement des sentiers qu'on a exploré ensemble. Lui et moi, ne faisant qu'un, sur le chemin qui partait vers la foret, lui sur moi, derrière la maison du voisin, d'autres fois, moi à son bras, le long de la promenade au bord de mer... Le dimanche matin, nous descendions rapidement au village, pour faire les courses, on sortait alors sans même se préparer, lui à peine coiffé, moi à peine réveillée pour aller chercher le pain frais du matin, quignon à croquer à pleines dents...
A cette époque, je ne sais pas si je peux en parler ici, mais... enfin... Il s'occupait bien de moi. Il me reluquait sous tous les angles, m'enduisait de graisse, passait ses mains partout, n'oubliait aucun recoins, il m'astiquait gentiment, tranquillement, il faisait ça très minutieusement, parfois il passait tant de temps à me caresser qu'il finissait par s'en faire mal aux mains, puis tout à coup, il m'enfourchait. ...Il m'en a fait voir et m'en a fait ressortir des choses, il m'a fait tourner la tête et je peux dire qu'avec lui j'ai perdu les pédales plus d'une fois... Enfin... c'était il y a bien longtemps... D'années en années, mon bel Adrien a vieilli, moi aussi, il s'est éloigné de moi, petit à petit, insensiblement, il ne me montait plus qu'une fois tous les quinze jours, puis une fois par mois à peine, pour finalement ne plus me chevaucher du tout... Aujourd’hui, il me laisse prendre la poussière, il m'a oublié, et me voilà, moi, sa plus chère amie, Lorette, sa bicyclette, je m'ennuie seule à la cave. 
Malgré tout, je ne lui en veux pas... je l'aime toujours autant et j'ai, pour me réchauffer, le film de nos merveilleux souvenirs que je repasse en boucle.

mardi 4 novembre 2014

 L'Ecriture

LEcriture c'est fuir une vie un peu abrutissante où la raison doit dominer

L'Ecriture reste une ré-action qui canalise nos émotions et aère nos réflexions

l'Ecriture met à plat nos confusions

L'Ecriture est une démarche d'amour propre peut être  mais aussi une démarche d'auto guérison


Les mots écrits sont nos armes,

Les mots écrits sont une analyse gratuite sans psy!

Premières notes d'automne...

 

 

L'enfant au murmure d'automne

Les feuilles tombent. Le vent souffle et répand le parfum de mélancolie. L'horizon est rose et moi je suis là. Je ne parle pas. Ou presque jamais. Les feuilles rouges, jaunes doré et orange volent dans les airs. Et moi, je suis là. Je ferme les yeux. Je sens la brise dans mon dos. Timidement, j'ouvre ma bouche pour chanter un doux chant. Une harmonieuse mélodie se fait entendre. Je suis l'enfant au murmure d'automne.

L'homme au sourire multicolore

Je suis là, comme toujours. Les gens m'observent, je leur rend leur regard avec un cadeau en plus : un sourire. Mais pas n'importe lequel ! Le mien ! Je continue à marcher, des couleurs s'imprègnent de mes yeux : rose, rouge, jaune... Un regard, un sourire. Bleu. La pluie commence à tomber. Un regard, un sourire. Violet. J'observe tout autour de moi. Un regard, un sourire. Vert. Je marche sur le chemin caillouteux. Un regard, un sourire. Orange. Les rayons de soleil annonçant l'arc-en-ciel réapparaissent. Des rayons gais, des rayons colorés. Un regard, un sourire. Multicolore !



 Le petit garçon qui envoyait des lettres à la rivière

Doucement très doucement, silencieusement. Je me faufile dans la forêt baignée de lumière. Au loin, j'entends le clapotement familier de l'eau. Je m'approche. Le silence règne en maître. Paisible. Apaisant. La rivière. Pressé contre ma main, je me baisse et jette quelque chose à l'eau. Je vois ce quelque chose partir dans le courant grouillant de vie, je fais un dernier signe de la main. Puis je pars en courant, comme si ce moment n'avait jamais existé... mais je me sens mieux. Ça, j'en suis sûr, la rivière a lu ma lettre...



Christina



dimanche 2 novembre 2014

Un autre jour (toujours à la maniere de Charles Pennequin)

Un jour, elle va au cinéma pour voir des films à l'eau de rose,
Un jour, elle se réveille de mauvaise humeur,
Un jour, elle aime sa famille telle qu'elle est, toute entière, imparfaite et attachante,
Un jour, son père la prend dans ses bras et lui dit qu'il l'aime,
Un jour, elle part vivre dix longues années à Paris,
Un jour, elle oublie toujours quelque chose,
Un jour, elle adopte un chat,
Un jour, elle est plein de griffures sur les mains,
Un jour, elle aime boire du thé chaud,
Un jour, elle gifle son frère qui avait poussé le bouchon un peu trop loin,
Un jour, elle s'en veut d'être colérique,
Un jour, elle va rendre visite à ceux qui lui manquent,
Un jour, elle danse jusqu'à pas d'heure,
Un jour, elle dit qu'elle changera.

Un jour ... à la manière de Charles Pennequin

Un jour, elle rempote toutes les plantes du balcon,
Un jour, elle fume trop,
Un jour, elle dit un secret à sa soeur en disant bien de ne rien répéter à personne,
Un jour, elle oublie un mégot et manque de foutre le feu à la baraque,
Un jour, elle achète des huitres, une douzaine, juste pour elle parce qu'elle adore ça,
Un jour, elle appelle sa fille tous les soirs pour prendre ses nouvelles,
Un jour, elle se sépare de son mari,
Un jour, elle retrouve ses copines sur le banc,
Un jour, elle sort son nécessaire à couture pour faire les ourlets des pantalons de son fils,
Un jour, elle se dispute pour longtemps avec sa fille,
Un jour, elle est très malade,
Un jour, elle aime danser.

lundi 27 octobre 2014

TRANCHE DE VIE. ( états d’âme d’un spermatozoïde )


Je peux vous le dire, le spermatozoïde est très seul avant qu’il ne trouve sa belle, le gros ovule qui lui servira d’âme sœur ! C’est en quelque sorte une solitude extrême, celle d’un coureur de fond : un seul coup de départ, une seule compétition et un seul vainqueur ! Il à intérêt à garder le moral car on peut dire qu’il a de la concurrence !
Alors, quand il s’approche de la ligne d’arrivée j’ai de la peine a vous décrire son exaltation ! Le gros ovule est là, tapi au fond de son nid ; On pourrait croire qu’il dort, mais il n’en est rien ! Tout sa vie est concentrée dans son énorme rondeur, oui, car il est énorme, cent fois plus gros que lui et lui se trouve irrésistiblement attiré par dans une sorte de magie biologico mystérieuse par cet astre de vie : on peut le dire, c’est au niveau cellulaire comme la naissance du sentiment amoureux !
Donc, il n’a pas le choix, il lui fait du rentre dedans en se précipitant à sa rencontre : sa tête vient cogner contre sa paroi et doucement y pénètre...
Quel pied pour lui : c’est la gloire ! Il est le seul élu et tous les autres peuvent aller se brosser ! Pour rentrer, il a fait un ultime effort avec sa longue queue de têtard ! il peut enfin se reposer : dedans c’est chaud, rose et cela sent comme un parfum de bébé. C’est tellement bon qu’il perd ses idées agressives de spermatozoïde victorieux !! Elles se dissolvent comme une goutte d’eau dans la mer. Pour la première et la dernière foi de sa courte vie, il ressent l’exacte dimension infinie de la tendresse cellulaire.
Bon, sa queue, il la laisse dehors puisqu’elle est inutile. Les autres spermatozoïdes se marrent bien quand ils s’en aperçoivent mais je peux vous dire que cela ne dure pas longtemps !
D’abord, comme leur copain, ils essayent d’y aller ! Mais bon, ils ont beau essayer cela ne marche pas ! Alors, jaloux, il ne leur reste plus qu’a assister au spectacle ! Dedans, il y a un sacré remue ménage : chacun pour que la fête soit complète a décidé d’oublier son identité : les chromosomes se mélangent et puis comme au quadrille, ils viennent se faire face ! La musique commence et la première mitose se produit, c’est le début de la danse de la vie !
Dehors, les autres ne rigolent plus du tout : ils ont compris ; ce sont les perdants, ceux de la loose, le troupeau des paumés qui, à force de se cogner la tête contre la triste réalité finissent par se la prendre pour de bon, tellement ça fait mal !

jeudi 9 octobre 2014

Cadavres Exquis du 7 octobre 2014


- Qu’est-ce qu’une auto ?
De l’énergie à revendre

- Qu’est-ce que l’écriture ?
C’est un ciel rose sans nuages

- Qu’est-ce que la vie ?
Pourquoi. Parce que je t’aime, j’aimerai toujours et encore

- Qu’est-ce qu’une valise ?
Le train sifflera trois fois

- Qu’est-ce qu’un australopithèque ?
C’est une chouette à lunettes qui niche au creux de l’arbre du jardin

- Qu’est-ce que tu as à dire ?
L’univers sert à ceux qui font croire qu’ils sont humains tout en étant égoïstes

- Qu’est-ce que se taire en silence ?
Un accros au mariage

- Qu’est-ce qu’une girouette ?
Avoir, être, das ist the question

- Qu’est-ce que le désir d’Orient ?
C’est un oiseau qui siffle dans la nuit

- Qu’est-ce qu’un passage ?
C’est du Coca Cola

- Qu’est-ce qu’un goujat ?
C’est la fin des fins

- Qu’est-ce qui fait souffler le vent ?
C’est un arbre enflammé

- Qu’est-ce qu’une multicolore ?
Juste de la fumée

- Qu’est-ce que le pouvoir ?
Une partie de rigolade pour un moustique en mal de sensation forte

- Qu’est-ce qu’un bourgeois ?
C’est quand le désespoir règne en maître

- Qu’est-ce qu’un regard de biche aveugle ?
La plus horrible expérience jamais vécue
- Qu’est-ce que les politiques ?
De l’ignorance

- Qu’est-ce qu’une amibe qui se noie ?
C’est quand tu t’endors à huit heures

- Qu’est-ce que la connaissance ?
C’est une émeraude au milieu d’un tas de cailloux

- Qu’est-ce qu’un rat ?
C’est la vie d’artiste

-  Qu’est-ce qu’un tabouret ?
Le chemin qui mène à la gloire

- Qu’est-ce qu’un renard polaire ?
C’est un nuage vaporeux qui vole au vent

- Qu’est-ce qui fait danser les fleurs ?
Un être odieux et impoli

- Qu’est-ce qu’un escargot qui rit ?
Un cornichon amer

- Qu’est-ce que l’écriture ?
C’est un crabe qui hennit avec joie

- Qu’est-ce que l’interdit ?
C’est une danse de gouttes d’eau

- Qu’est-ce qu’un moustique ?
C’est parce que le ciel est gris

- Qu’est-ce que l’amour ?
S’aimer soi-même sans aimer l’autre tout en faisant croire qu’il est aimé

- Pourquoi avoir peur ?
C’est une longue et douloureuse agonie

- Qu’est-ce que la peur de l’inconnu ?
C’est une vipère sanguinaire  naïve et crocheteuse

- Qu’est-ce que ma vie ?
La vie ? Entre deux courants d’air

-  Qu’est-ce qu’une écharpe ?
Un petit être étrange qu’on croyait perdu


- Qu’est-ce qui est vert ?
La mer qu’on voit danser

- Qu’est-ce qu’une tartine sans nutella ?
La vérité, la seule

- Qu’est-ce que la fin ?
 C’est une chose très bizarre

- Qu’est-ce que l’envie ?
Quelque chose qui pique le cœur

- Qu’est-ce qu’une erreur ?
C’est toujours la première fois

- Qu’est-ce qu’un parasol sous la pluie ?
Une substance visqueuse, noire, qui colle aux dents

- Qu’est-ce que la vitesse ?
Un nuisible qui aspire le sang

- Qu’est-ce qu’un horizon enchanté ?
C’est du grand art

- Qu’est-ce que l’enfance ?
C’est un chat gris qui passe la nuit

- Qu’est-ce que la terre ronde ?
L’axe du monde

- Qu’est-ce que bien vieillir ?
C’est la mer avec ses vagues tumultueuses

- Qu’est-ce qui me fait dinguer ainsi ?
Le sourire d’un chien galeux

- Qu’est-ce que la multiplication des nains ?
C’est un vase sans fleurs

- Qu’est-ce la fantaisie ?
C’est une nuit pluvieuse et calme ou un mille-pattes sans pattes

- Qu’est-ce qu’une belle robe de mariée ?
L’idée d’un monde meilleur

- Qu’est-ce qu’une table sans pieds ?
La boisson préférée des Français


- Qu’est-ce qui rend une mouche aveugle ?
Un amour sans fin

- Qu’est-ce qu’une orange ?
Un éclair de lumière dans la nuit

- Qu’est-ce que la poésie ?
C’est un éléphant sans trompe avec cinq yeux rouges

- Qu’est-ce qui se passe ici si tard ?
Un essai désespéré fait par un mathématicien fou qui voudrait résoudre la quadrature du cercle

-  Qu’est-ce qu’une babiole ?
Une espèce d’animal tordu, trop rare mais beau

- Qu’est-ce le bonheur ?
Un jeu de dupe





samedi 9 août 2014

Lundi soir



Il y a des lundis soirs où j'arrive pleine d'entrain, la journée a été bonne. Et puis, sans savoir pourquoi, la banalité prend le dessus.

Il y a des soirs où je suis fatiguée, je me pousse pour venir, j'ai promis d'être là. Et puis, miracle, la communication passe, j'écoute les textes des autres, je prends mon stylo, j'oublie tout le reste, deux heures dans un autre monde, en marge du quotidien.

Il y a les soirs où l'on est nombreux et différents, quelle richesse; mais comment les autres peuvent-ils avoir tout cela dans la tête?
Il y a les soirs où l'on est peu mais sur la même longueur d'ondes, nos textes se répondent.

Il y a eu ce soir merveilleux, je n'en sais plus la date, où sur une consigne simple chacune a donné un peu du plus profond d'elle-même, avec beauté et simplicité; et l'on s'est toutes regardées, étonnées d'un tel partage.

Il y a les soirs où je me sens très sage, je voudrais écrire comme d'habitude, tranquillement, parler de moi, par exemple, c'est plus facile. Et puis Patrick lance une ou deux consignes un peu folles, et entrainées les unes les autres on rentre dans l'ambiance, on se laisse faire, on ressort un peu éblouïes.

Il y a les soirs où je me sens prête à écrire en jouant, en batifolant, et ce soir là, la consigne m'entraine vers quelquechose de plus intime, de plus construit.

Ecrire, ici, c'est toujours une surprise.

vendredi 8 août 2014

Mots - ments d' enfance


Je suis petite et sans soucis. Je ne marche pas, je saute, constamment, je saute, à la corde, à la marelle, sur le chemin de l'école. Tous les matins je pars avec Christiane, elle saute aussi, moins que moi.

La guerre est finie mais dans mon assiette ce n'est pas encore l'abondance. Je dévore tout ce qu'on y dépose, sauf la raie au beurre noir, je déteste la raie au beurre noir.

L'hiver, il fait froid le matin sur le chemin de l'école, même en sautant. J'ai une grande écharpe en laine enroulée jusqu'aux yeux mais vite, je la soulève, pour souffler de la vapeur par la bouche, par le nez.
Je sais que ma mère me regarde de sa fenêtre, jusqu'à ce que j'ai tourné le coin de la rue. Je n'enlève le cache-nez que quand elle ne me voit plus, elle ne plaisante pas avec les soins à apporter à la santé.

Je plisse les yeux face au soleil, surtout quand il vient de pleuvoir, et toutes sortes de couleurs apparaissent. J'aime l'oranger, le rouge, le violet.

Quand il neige, ce sont les moufles que j'enlève aussi, c'est si bon la neige qui fond sur la langue, le froid, le chaud, la brulure.
Pourquoi toutes les bonnes choses sont elles interdites? Heureusement on peut se cacher, les adultes n'ont pas les yeux partout, ni les oreilles.

Moi, j'aime le silence. Eux, ils parlent tout le temps. Parfois j'écoute, ce n'est pas intéressant. Ils parlent des voisins, rarement en bien, du coût de la vie. Ah bon, ça leur coûte, de vivre? De la guerre froide. Moi j'imagine que la guerre est chaude. Je vois du feu, des bombes qui éclatent.

Souvent mon grand-père raconte sa guerre, celle d'avant, la vraie; il remonte son pantalon, me montre une petite tache blanche en creux sur le coté de son genou, me dit: J'ai reçu un éclat d'obus. Je ne sais pas ce qu'est un obus, je ne demande pas, j'aurais l'air bête. Mais je comprends que la guerre c'est affreux, que ça sent la poudre et le sang, la souffrance et la mort.

J'écoute pourtant leurs conversations. Le soir, je redescends sans bruit l'escalier, je me blottis derrière la porte, j'écoute. J'aime écouter, surprendre ce qui est défendu aux enfants.

De temps en temps ma mère m'emmène à la poste; on fait la queue, elle demande un jeton, me soulève, m'assoit sur la tablette près du gros téléphone noir. C'est moi qui glisse le jeton dans la fente, c'est elle qui parle dans l'appareil. Je n'entends pas ce qu'on lui répond, juste un grésillement grave.

La nuit, je rêve que c'est moi qui téléphone, je ne sais pas à qui. Je caresse mon oreiller d'une main, je suce mon pouce, je m'endors...

vendredi 1 août 2014

Le jeu des 7 familles

Pendant la classe de neige, les enfants jouaient le soir au coin du feu, ils jouaient au jeu des 7 familles:
"Dans la famille Boulanger donne moi le père.
Dans la famille Plombier, je voudrais la fille..."
Ainsi se formaient les familles, sauf qu'un soir la partie dégénéra.
"Dans la famille coiffeur, il me faut la mère " demanda Jeannette à son copain Romain.
"J'ai pas, j'ai pas ..."
Et la partie continuait, on se trouva devant une énigme.
Après plusieurs tours, Jeannette s'exclama:
"C'est lui qui a la mère coiffeur, c'est obligé!Il ne veut pas la donner!"
Je fis le tour de la table de jeu. En effet Romain gardait la mère coiffeur contre lui.
"Tu triches Romain."
"Non je ne triche pas, c'est la mienne, c'est ma maman, on me l'a déjà prise, alors cette fois je la garde!"
Romain sanglotait.
Depuis, j'ai fait le tri dans tous ces clichés: grand mère, grand père, fils, fille.... Mon regard sur la famille a bien changé, j'ai découvert les vertus des nouvelles tribus.
Et je cherche une nouvelle règle pour ce jeu  stupide des 7 familles.

Mr Tournemire

En cette fin de journée d'hiver, Mr Tournemire avait fini sa tournée des ventes à domicile, il vendait des chaussettes Mr Tournemire, il se déplaçait dans la campagne autour du Havre. Pour passer ses soirées tranquilles il avait choisi un hôtel en bord de mer, une sorte de pension de famille. Pour rejoindre ce petit nid douillet tenu par une femme ressemblant à une cartomancienne, il empruntait une départementale peu fréquentée, il ne voulait pas être remarqué Mr Tournemire, il était marié, vous comprenez, il ne voulait pas faire jaser sur ses liens avec Mme Jeanne, une grande tendresse s'était établie entre eux et les cancans vont vite!Il suffit d'un chauffeur malveillant dans une voiture qui passe pour que tout dérape.
Ce soir là, tout a dérapé, un orage a éclaté et Mr Tournemire qui longeait le chemin menant à l'établissement a fait un pas de côté pour éviter un piéton ivre, il s'est retrouvé dans la mare et ne sachant pas nager , il s'est noyé.
Elles sont deux à le pleurer Mr Tournemire.

rencontre perturbante

Je rentrais comme d'habitude aux environs de 17 h. Je marchais tranquillement, le pas alourdi par la fatigue de la journée, je regardais mes pieds en attendant le signal pour traverser, je relevai la tête pour guetter le bonhomme vert, c'est alors que je vis sur le trottoir d'en face une femme portant la même robe que moi, l'avait elle achetée sur le même marché? La réponse m'importait peu tant j'étais interloquée par la coiffure, les lunettes, les yeux derrière les lunettes, moi, moi en face de moi, m'aurait on caché une jumelle? Elle ne semblait pas gênée de me rencontrer, elle me regardait , tout comme moi, on se regardait. Le feu passa au rouge, on se regardait toujours, d'où venait elle? Pas de la même école que moi, je l'aurai déjà vu. Où allait elle? Chez moi? Ce serait sympa à deux chez moi, pas possible, elle traverse dans l'autre sens!, me serai je dédoublée?, je me serai sentie déchirée tout de même, me serai je décalquée en douceur comme un décalcomanie sous la pluie? Sûrement pas , il fait beau! Aurai je perdu  la tête? ça c'est possible. Où peut être que j'ai envie de marcher dans l'autre sens, d'aller ailleurs. C'est ça, je me vois aller ailleurs. Alors tourne les talons et pars ailleurs, ce sera plus sain!
Le bonhomme est vert, je traverse, on se rencontre, plus exactement les images se recollent, on verra demain sur quel chemin je mettrai mes pas.
En tout cas ,ce jour là, j'ai bien failli me faire écraser et depuis j'ai changé de passage clouté.

le grand Jean

Le grand Jean se promène dans le village, il est grand par sa taille mais nous ne savons pas si c'est un grand personnage, ce n'est pas Jean de la Fontaine qui écrivait des fables, il n'observe pas suffisamment hommes et animaux, il ne fréquente pas la société, il est toujours seul. Ce n'est pas non plus Jean de la lune, pas assez poète, il a même un langage grossier, ce n'est pas Jean des évangiles, il crache sur le parvis de l'église tous les matins. Jean Rochefort, encore moins!, il n'a aucune élégance, il traine les pieds, et Jean Jaurès, n'en parlons pas, il se promène avec une cane ornée d'une fleur de lys en maugréant"le roi ici, c'est moi!"Jean valgean alors, pas tout à fait , on ne l'a jamais vu maltraiter un enfant mais le grand Jean, on l'a tout de même surpris menaçant nos petits en brandissant sa cane et en vociférant:"salle marmaille!"

jeudi 12 juin 2014

"Je pense à vous,dont je ne sais rien"

Une rencontre au jardin, quelques mots, des mots simples qui nous ont toutefois fait déposer nos outils, le vent était léger, dans la lumière du soir, on bavardait mais dans ces quelques phrases il y avait une présence, un moment habité, une présence de qui? je ne sais . De vous je ne sais rien si ce n'est que vous habitez dans la première rue du Corbusier, que vous aimez les fleurs et que votre allure fantaisiste cache une profondeur de vie. J'ai su que vous vous appeliez Domi et que vous jouiez de l'orgue. Je devrais aller vous écouter pour vous connaitre mieux.Vos petits mots qui accompagnent les livres glissés dans ma boîte aux lettres me font chaud au coeur mais vous qui êtes vous?
Je pense à vous, j'espère que nous nous rencontrerons demain au jardin, pensez à prendre votre chapeau, il va faire chaud!

fait divers

Je ne sais pas trop ce qui s'est passé. Derrière la foule, on dirait qu'il y a eu un accident, c'est peut être un carambolage, il me semble que les pompiers sont là, ce doit être grave, peut être un cycliste mais il y a aussi une grue alors je pense qu'il s'agit de travaux dangereux, je me pose des questions. Mais non , pour des travaux on n'a pas besoin d'ambulance. Mais cette nuit je crois avoir entendu l'orage, ce bruit fracassant, c'était peut être le toit de l'immeuble d'en face, sur un piéton? En regardant bien, c'est un arbre tombé sur quelque chose de rouge, on dirait bien une voiture, le chauffeur était sans doute à l'intérieur.
Mais oui, c'est ça!Je me suis réveillé vers 4 heure du matin, par une nuit noire comme de l'encre, des éclairs étincelantes ont illuminé le ciel, la foudre traçait des lignes blanches à travers les nuages plombés, un vent sauvage se déchaîna, arracha toutes les feuilles déjà vertes du printemps, des grêlons translucides sautaient sur les pavés mouillés, le bouleau au tronc d'argent plia sous une pluie boueuse et tomba sur la voiture de mon voisin dont j'ignore le nom, je sais juste qu'il est noir.
Qu'est ce que vous dîtes là Mr Mangin?
Quelle horreur!, le pauvre homme! Ecrasé dans sa voiture! Quel temps de chien! Le dérèglement climatique, c'est certain! Que va-t-on devenir? Si c'était que la voiture encore! Quelle époque! Prudence! prudence! On va plus pouvoir sortir! Quelle vie! Quelle angoisse! Et les secours, ils sont là! Et ce tonnerre qui gronde encore! C'est un châtiment, pauvre homme! pauvres humains que nous sommes!
Le petit homme étriqué du troisième descend en robe de chambre, il parle tout seul:
"Moi, je ne comprends pas, moi, j'écoute la météo, moi je suis prudent, moi je respecte les recommandations, moi je le laisserais sortir seul de sa voiture, moi je ne le plains pas, moi je pense qu'il faut être bête pour partir en pleine tempête, moi au moins je sais que cela ne m'arrivera pas, moi je rentre et je vais regarder par la fenêtre, moi ça me fait sourire!
Les portes se ferment, les télévisions s'allument.
"Cette nuit un homme est décédé, écrasé par un arbre tombé sur sa voiture rue Plantier. La voie est maintenant dégagée."

samedi 7 juin 2014

Au bon coin


Cède piano droit d'étude, vernis noir, un peu rayé mais suffisamment brillant pour qu'on puisse en se mirant dedans se recoiffer d'une main et jouer de l'autre.
Sonorité claire mais un peu chevrotante dûe à son age: quarante ans.
Quelques touches ont vu leurs revêtements d'ivoire (en plastique blanc) se décoller mais être soigneusement conservés. Je fournis la colle.
Pédales en parfait état de marche.
Cet instrument possède une notoriété cachée: il a été utilisé par un grand concertiste lors de ses débuts enfantins. Il est signé.
Prix à débattre.
C'est moi qui paye pour que vous emportiez le piano, il s'agit de venir le chercher au 4ème étage sans ascenseur (escalier large).
A accorder selon vos goûts, votre oreille et votre sens de la musicalité.




Vends, à cause du décès de ma Marguerite, trayeuse électrique individuelle pour vache. Fonctionne sur secteur ou batterie, ce qui permet d'aller traire l'animal dans son pâturage.
Peut éventuellement s'adapter aux mamelles d'une grosse chèvre.
Peu bruyante et indolore.
Je fournis pour le même prix, 39,95 €, le trépied pour s'asseoir aux sabots de la bête, mais pas le seau pour recueillir le lait.