jeudi 13 février 2014

En ce temps-là



En ce temps-là, j'étais dans mon adolescence
J'avais quinze ans et des coups de cafard insondables
J'étais rêveuse et rieuse
J'étais tout de noir vêtue et désespérée
Et je n'avais pour tout horizon que la porte du lycée
Car mon père ne plaisantait pas avec la réussite des études
Que mon frère avait complètement ratées
Et mes cousins réussies brillament
Et j'étais déjà le désespoir de mes parents
Que je ne savais pas satisfaire, ni contenter, ni cajoler
Le Kremlin était le point de mire de mon père
Avec les espoirs qu'éveillaient en lui les professions de foi marxistes
Et l'or des puissants rendu enfin au peuple
Un vieux militant dînait souvent à notre table
J'avais moi aussi un idéal de société parfaite
Et je distribuais parfois L'Huma, le dimanche matin, sur le marché
Puis, tout à coup un ange blond s'abattit sur moi
Et mes mains se tendirent vers lui irrésistiblement
Et ceci, c'était le choc fracassant
Du dernier soupir de l'enfance et
Du lendemain qui chantera dans les bras d'un homme, de l'oubli de tout
dans l'extase du sable chaud
Et de la mer.

Marche si tu es fatigué


La mer allait se retirer. Pour quelques heures le passage serait découvert. Il a mis ses bottes, son ciré, dans l'aube il scrute les rochers qui surgissent un à un de l'eau grise. La lumière est verte comme les algues qui tapissent la côte. Il fallait y aller, après ce serait trop tard.
Il s'engage, seul, glissant un peu sur les galets mouillés, les yeux pleins de larmes, de sel, de brume. Là-bas l'ile se découvre. L'ile où il avait laissé son enfance, il y a maintenant longtemps.
Il veut revoir cet endroit où son père l'avait emmené en barque pour une simple partie de pêche, et n'était jamais revenu. Il veut revoir cet endroit où il a attendu et dormi, trois jours et deux nuits lui a -t- on dit, auprès du corps de l'homme qui s'était abattu d'un coup, sans que l'enfant qu'il était puisse comprendre ce qui se passait.
Il veut oublier la suite, l'arrivée des bateaux, des secours, l'affolement des gens qui le séparaient de force du corps de son père, l'emmenaient à l'hopital où il était resté longtemps.
Il veut juste revoir l'endroit, les pierres, l'âme de son père qui y est forcément demeurée. Il avance.
La route est longue, longue, longue, marche si tu es fatigué.

bifurcation après rencontre

Depuis plusieurs années, je me rendais en vacances dans le nord de la France, au coeur d'une sombre forêt. Dans une clairière, j'avais découvert un manoir, j' en poussais régulièrement la lourde porte pour admirer le mobilier et je repartais en cherchant les essences qui avaient servi aux ébénistes de l'époque.
J'effectuais cette visite instructive  tous les jours de la semaine excepté le dimanche réservé à la visite de ma grand tante. Nos conversations tournaient tout de même autour des arbres et de ce bois qui m'attirait. Rien d'extraordinaire, qui n'a pas le souvenir de l'odeur de brou de noix ou de meubles cirés. Mais un dimanche où grand tante s'était rendue chez une amie, mes pas me conduisirent à la vieille bâtisse. J'avais à peine tourné la clef dans la serrure que j'aperçus un rayon de lumière inhabituel, il descendait du plafond sans aucune source d'éclairage depuis longtemps. Il baignait de sa clarté une jeune fille blonde, courbée au-dessus de la table, l'oreille collée au rebord ciré. Le regard absent, elle semblait écouter le coeur du bois. Je me réjouissais déjà de rencontrer une charmante personne animée de la même passion que moi. Je m'approchai pour me présenter et prendre connaissance et là, dans un nuage bleuté, elle disparut. Ma nuit suivante fut fort agitée. Je revins le lendemain, le surlendemain toujours à dix huit heures et toujours le même scénario. Un soir, j'attendis son départ et je collais à mon tour l'oreille sur la table. Rien. Je décidai que le septième jour serait le dernier, c'est ce soir là qu'elle choisit pour occuper l'autre bout de la table et m'inviter à prendre sa place.Ce que je fis. Elle attendit un moment puis éclata de rire:"Que croyiez vous donc, ce sont des charançons!!!j'aime leurs chansons!Quel travail admirable! Vous ne trouvez pas pendant des générations!  Dans quelque temps ,il n'y aura plus de table mais d'ici là vous m'aurez rejoint dans le royaume des ombres!!"
Je pris congé et me suis intéressé au mobilier plastifié!

lundi 3 février 2014

En retard comme toujours, un début de semaine chaotique, les cours, la fatigue, le train-train quotidien qui revient, le stress qui monte en vue des épreuves communes. Les profs, les amis, les disputes, les rires, les réconciliations. J'écris...un bruit de téléphone... Que dire, qu'écrire ? Je commence à rentrer dans ma bulle. Je regarde les autres, pensives, réfléchies, concentrées. Jacqueline qui nous observe, Patrick qui médite ses propositions sur son classeur. Moi qui n'ai rien à dire, mais le bruit du stylo qui me rappelle à l'ordre : "Écrire !" . Le bruit de la réflexion, le bruit du silence, me font bourdonner les oreilles... Huguette qui écrit, une fois lancée, c'est comme une fusée : on ne peut plus l'arrêter ! Marie-Pierre, qui rit, qu'a-elle encore écrit ? Toutes semblent écrire... sauf moi... Le reste s'en va... j'oublie tout... enfin j'essaie, je suis dans cette pièce, la tête collée sur la feuille, enfin le regard scotché sur mon texte, qui ne ressemble encore à rien. Une dernière pensée à mes amis : Mel, Suz, Emma, Rachel, Kenzo, Tristan, les autres... Les disputes, les taquineries, les délires et fou-rires... Le portable qui sonne, les sms, les textos... Les devoirs... La note pourrie en physique, oh pétard ! L'appareil flambant neuf cassé; je précise... il reste 4 minutes ! L'anniv' qui termine en bataille de bouffe, tout ranger, le week-end qui passe, et qui s'achève. Voir la semaine devant soi, la redouter, les contrôles... Ne pas le vouloir, mais le devoir...Peur de l'inconnu, peur de l'imprévu ! Mais tant pis ! J'écris... l'écriture me prends dans ses filets... Francine qui réfléchit, Florence qui est à deux doigts de casser son stylo tellement elle écrit vite... Le temps c'est bizarre, y a deux secondes il restait deux minutes, maintenant plus que une, ! Non mais je rêve, oh ! Malheureusement non...J'écris un bloc... mais j'écris... Plus rien n'existe, les soucis s'envolent, je suis dans mon monde. Qu'il est bon d'y être ! J'écris maintenant, ma bulle s'en va, elle s'envole à travers le ciel... Quand sur Terre va-elle revenir ?

Christina


Imagine... une pluie de lunes

Je me suis toujours demandée si la pluie de Lune existait...Et toi ? Imagines qu'un nuage gros, gris et menaçant flottait au-dessus de ta tête... Ta première réaction serait de courir, de fuir, de partir... Non ?
Et si tu t'arrêtais pour laisser ces petites Lunes tomber sur toi. Imagines que ces petites Lunes, représenterait pour chacune d’entre elles, un petit bonheur de la vie. Laquelle choisirais-tu en premier ?  Moi... aucune, enfin... je ne saurais pas me décider... Je resterais juste sous ce nuage , me laissant arroser par elles, sourire, les contempler, les admirer... Et imagines que dans chacune d'entre elles il y a un monde, un monde qui te plaît, et ne correspond qu'à toi. Que dans chacune d'entre elles, il y ai un rêve qui te hante depuis des années... Un rêve qui tu n'as jamais osé réaliser, que tu n'as jamais osé t'avouer... Imagines...

Je sais désormais, que tous les matins je me lèverais avec ce petit nuage et sa pluie de Lune en tête, sourirait, me demandant quel bonheur je vais vivre aujourd'hui... et surtout me dire, combien la vie est belle !


Christina