mardi 21 avril 2015

L'OEUF


Il n'est ni rond,ni carré,ni pointu
Il est ovale l'oeuf
Lorsqu'il est dur on voudrait soit le peindre en lui donnant un visage humain,soit l'écaler comme on déshabille quelqu'un
Dur c'est mieux pour lui car cru
on l'éclate dans la poèle juste pour notre plaisir
Il tombe parfois de haut
le pauvre
Il est brisé!
Puis cru il n'a pas de chance
car il est souvent battu et mélangé sans qu'il n'ait rien demandé!

Protégé à sa naissance par une mère poule
il pensait devenir quelqu'un
hélàs pour lui le fermier s'en est emparé
Il n'est donc rien d'autre que lui même!

Dans nos assiettes, au plat,mollet,en omelette il nous ramène en quelque sorte à la vie du poulailler d'un village de campagne
Sympa l'oeuf!
A sa vue on entendrait presque le coq chanter
Mais chut...
Il n'est que cinq heure du matin
dans deux heures environ plusieurs personnes tremperont une mouillette dans sa coque sans penser à tout ça!
Bon appetit quand même!

PETITES ANNONCES


-Cherche des points d'interrogations pour clouer le bec aux affirmations
Cherche le pluriel car le singulier se sent un peu trop seul
Cherche toujours "or,ni,car" pour répondre à "mais où et donc"
Cherche une jambe de plus pour le "n" qui prétend qu'on ne l'"m" pas
cherche le "h" qu'on a aspiré!!!

LE PIRE ET LE MEILLEUR!


Aveugle plus que muet c'est ce qu'il y a de pire!
Une mère hurlant sur son bébé c'est ce qu'il y a de pire!
Une blague douteuse,un oeil au beurre noir, une parole venimeuse
C'est ce qu'il y a de pire!
Attachement, détachement c'est ce qu'il y a de pire!
Légions d'honneur,médailles,compétitivité,concours
C'est ce qu'il y a de pire!

Anarchiste, irréaliste c'est ce qu'il y a de meilleur!
Une indienne dans son sari qui sourit à Bouddha c'est ce qu'il y a de meilleur
Des bonbons gratuits interdits par les mères et qui tombent du ciel
c'est ce qu'il y a de meilleur!
Les vapeurs d'alcool dans un délire collectif
c'est ce qu'il y a de meilleur!
Un intellectuel admirant un ouvrier
un ouvrier admirant un intellectuel
C'est ce qu'il y a de meilleur!
Les blancs,les noirs, les jaunes,les rouges
C'est ce qu'il y a de meilleur!
Un plat de spaghettis carbonara du chianti, un expresso
c'est ce qu'il y a de meilleur!
si ma gorge se sèche et que mes yeux pleurent
demain se déploiera et mes yeux riront
"C'est l'adagio des rochers
et le monde s'enflamme
C'est ce qu'il y a de meilleur
Pour moi"

VERBES


Elle se contente d'Etre
Elle parle peu
Elle sait cependant donner sans rien attendre en retour
Elle n'entend pas ce qui ne la touche pas
Elle fuit quand elle ne comprends plus
Elle préfère en rire où se cacher pour oublier
On lui explique
Elle refuse
Elle préfère s'échapper, réver
Elle imagine
On l'ignore à présent tant pis
Partager ? Pourquoi? pour qui?
La solitude déchire mais rassure
Elle respire
elle fume
Elle respecte "les autres"
Qu'on la respecte Elle!
Ils peuvent à leur guise
Aller,venir,crier,travailler s'agiter
se plaindre de tout de rien
s'interroger
Celà ne la concerne plus!
.

lundi 20 avril 2015

Eliette la muette

Eliette, la sixième fille de la famille Rolfe a enfin été mariée. Pas facile de lui trouver un époux, elle parle pas, elle était pas tout à fait finie comme on dit par ici. Sa mère a réussi à lui inculquer les rudiments de cuisine et de couture , bref elle savait tenir une maison. elle n'était pas sotte Eliette , elle raisonnait mais elle restait dans sa tête. Alors Pétrus , il l'avait prise, elle avait une bonne dote, un trousseau, tout ce qui lui faisait défaut au Pétrus. De plus elle était de bonne stature et travaillerait aux champs, il lui expliquerait les sillons, les semences, le maniement de la faux, les lapins ça mangent avant d'être mangés! Elle était courageuse Eliette, pour faire oublier sa différence , elle donnait dans l'excellence. Et le Pétrus c' était pas un mauvais gars,ça ne le gênait pas de montrer l' Eliette à son bras. Il l'emmena dans sa ferme là haut au milieu de nul part. Elle ne manifesta aucun chagrin en quittant les parents, pas plus que de joie en arrivant. Elle n'exprimait rien, ne réclamait rien, heureusement car le Pétrus , il ne les lachait pas comme ça ses écus. Au lendemain de ses noces, elle était à l'étable pour la traite des vaches sans rechigner, tout était dans la normalité, Pétrus et Eliette c'était pour durer.
Elle avait un secret Eliette, elle avait caché dans la poche de son tablier un bracelet garni d'une petite fleur, sa mère lui avait confié , il devait assurer sa maternité. Son époux l'avait surpris mais il l'ignorait, le Pétrus, il était un peu rustre. Quand il l'honorait, elle serrait le bijou dans sa main droite, elle voulait tuer la semence de ce mari sans importance. elle ne voulait plus du passage du bracelet de mère en fille, il n'y aurait plus de fille, elle était la fille du silence, ce silence elle le casserait à jamais.
Elle avait entendu parler de la façon dont on fait les bébés. Alors quand elle accoucha aux champs, elle coupa le cordon, étrangla le nouveau né et l'enterra dans un terrier.
Au tribunal, ils ne comprenaient pas. Comment comprendre, elle ne parlait pas Eliette.
"Je ne parle pas, je peux juste hocher la tête, je ne peux pas expliquer, les sons ne sortent pas, ma bouche est muette, c'est le monde du rien. Rien dire, subir, obéir, même le Pétrus il ne peut pas comprendre, il pleure en me regardant figée sur cette chaise, assaillie de questions. Mais lui aussi il profite de ce rien, alors je ne veux pas continuer, je suis obligée d'arrêter ça, d'arrêter cette malédiction du silence en dehors et du bouillonnement en dedans. Je ne suis pas méchante, regardez, j'ai mis mon chapeau à voilette pour marquer ma tristesse, je ne suis pas mauvaise, j'ai de la peine, le petit bracelet, je ne l'ai pas déchiré, il est là entre mes doigts, vous l'attacherez à la corde qui me pendra, voilà, c'est fini les femmes qui parlent pas, ça s'arrêtera là.

dimanche 19 avril 2015

samedi 18 avril 2015

instruction pour préparer son café

La première chose, choisissez une machine colorée, elle doit bien se voir le matin quand vous êtes encore embrumé, vous n'aurez pas de problème, elles se déclinent dans toutes les couleurs en inox clinquant.
Deuxième étape, l'eau, une drôle d'idée de noircir ce breuvage si limpide, il vous nettoierait l'organisme de ses miasmes mieux que le café, enfin on l'a importé ce café! Il a régalé les cours d'Europe en particulier le bel empire autrichien et il est devenu courant jusque chez nous. Revenons à l'eau, emplir le récipient situé à l'arrière de la cafetière, si vous êtes précis, respectez les traits, 1,2,3, vu votre état matinal allez à 3 au moins. C'est tout pour l'eau.
Venons en au café. Une capsule! Autrefois au moins , on avait l'odeur du café en grains, on connaissait son origine comme pour les grands vins, on rêvait des explorateurs, Bougainville et les autres, on traversait les océans par la senteur de cette nouvelle plante puis on gardait les stigmates de l'opération , il fallait moudre, le moulin entre les cuisses, on tournait et aille! C'était le pincement assuré.
Revenons à notre nexpresso ou dolce gusto, déposez donc la capsule dans son logis, elle ne sent pas grand chose mais il faut tout de même choisir parmi des noms variés: expresso, intenso, américano, restrito et j'en passe, votre choix fixé, l'objet précieux déposé, fermez le tiroir ou abaissez la poignée( fonction du modèle de cafetière). Règlez la roulette des barres lumineuses , elles vont vous donner l'intensité du breuvage, et oui l'intensité, on la trouvait tout simplement en comptant les cuillères de la poudre prélevée dans le tiroir du moulin, maintenant vous ne jugez pas, la machine compte pour vous.
Ensuite appuyez sur le bouton à gauche de la machine, il est rouge, il devient vert et ça chauffe. Pas de flamme ni de buée odorante au dessus du filtre, rien , c'est chaud le bouton vous l'a dit, maintenant pressez le bouton à côté des barres, vous savez celles qui vous disent la force de votre café, ne trainez pas trop, elles vont s'éteindre et il vous faudra renouveler toute l'opération. L'appareil s'ébranle dans un bruit d'usine et oui on est loin du clapotis de l'eau qui boue!
J'ai oublié, mettez la tasse dans le réceptacle avant, c'est le grand espace vide devant vous au dessus d'une grille, elle récupère les gouttes cette grille, on doit rester clean. J'ai bien dit une tasse , pas un bol, le bol c'était avant quand on buvait du café au lait, quand on trempait les tartines beurrées, si vous n'êtes pas rassasié et bien recommencez!
Notez bien : la tasse avant toute manipulation. Voilà une complication, avant on avait le temps de choisir une tasse en porcelaine ouvragée, une tasse de l'arrière grand mère qui racontait une histoire, là surtout pas , une tasse standard sinon elle ne passe pas.
Enfin, sucrez, pas sur ça aussi c'est surveillé.
Buvez votre café avec délice et bonne journée.

mercredi 15 avril 2015

samedi 4 avril 2015

Petites annonces

Ancien maire, après vacances à l'ombre, achète bonne conduite pour revenir sur le devant de la scène.

Vend âme, état neuf, très peu servi. Idéal pour personnes peu scrupuleuses.

Ménage cherche femme pour polir vieux tromblon, faire reluire pots antiques, battre draps raidis et passer à la casserole.

Perdu, amour-propre. Vu pour la dernière fois entre les mains d'une charmeuse pas si charmante.

Trouvé : trouvère en mal de trouvailles. À retrouver dans un trou vers Trouville.

Première rencontre

Quand Jean-Yves et Isabelle se sont rencontrés pour la première fois, c'était en fait la septième fois qu'ils se croisaient.
En effet, leurs familles s'étaient retrouvées au même moment sur la même aire d'autoroute à l'été 83, alors que lui allait à La Baule en venant de Nancy, et elle en Bretagne en venant de Clermont-Ferrand. Par un heureux hasard, ils avaient pique-niqué à trois mètres l'un de l'autre, avant de repartir chacun de leur côté.
La seconde fois, c'était dans le métro parisien. Elle étudiait à l'Université, il transitait entre Gare de l'Est et Montparnasse pour rejoindre son régiment. Ils s'étaient tenus dos à dos dans le wagon bondé de la ligne 4, sans jamais vraiment voir le visage l'un de l'autre. Elle était descendue à Saint-Michel tandis que lui faisait semblant d'écouter une blague de ses camarades.
La troisième fois, c'était à Brest. Stationné à la base navale, lui et son régiment faisaient tous les matins leur jogging sur le port. Dans sa voiture, en route vers la résidence secondaire de ses parents en vacances sur la côte, elle les avait regardés passer au pas de course, sans vraiment les voir.
Et puis, en stage dans sa première officine pas très loin de Montparnasse, elle l'avait recroisé, sans s'en rendre compte. Sa collègue l'avait servi pendant qu'elle classait des ordonnances, aussi n'avait-elle eu droit qu'à son dos alors qu'il ressortait de la pharmacie.
Plus tard, devant la synagogue, il avait fait partie des plantons chargés de la sécurité, plan Vigipirate oblige. Là encore, elle avait à peine fait attention à son visage. Lui non plus, tout à sa mission, ne l'avait pas vraiment remarquée.
Au marathon de Paris, sans le savoir, ils avaient pris leur départ à deux mètres l'un de l'autre.
C'est à la fin de la course qu'ils se sont enfin rencontrés. Lui s'était tordu la cheville dans le dernier kilomètre, elle, son semi terminé, avait de la crème à l'arnica dans son sac. Quand ils se sont vus, ils ont eu l'impression de se connaître, comme ils racontent toujours. Pas très étonnant si vous voulez mon avis.

À la manière de Bukowski

Télé, radio, journaux,
C'est ce qu'il y a de pire.
Grenouilles de bénitiers et fonds baptismaux,
C'est ce qu'il y a de pire.
Injonctions d'hygiénisme,
C'est ce qu'il y a de pire.
D'ailleurs les trucs en -isme,
C'est ce qu'il y a de pire.
Tu devrais, tu devrais pas,
C'est ce qu'il y a de pire.
Cinq fruits & légumes par repas,
C'est ce qu'il y a de pire.
Les autres,
C'est ce qu'il y a de pire.
Les apôtres,
C'est ce qu'il y a de pire.
La masse,
C'est ce qu'il y a de pire.
La nasse,
C'est ce qu'il y a de pire.

Parce que

Se prendre des beignes,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Les fins de règne,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Parler de ce qui fâche,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Y aller à la hache,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Faire demi-tour,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Être de retour,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Partir pour ne pas revenir,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Voir venir l'avenir,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Lui coller une balle dans le crâne,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Et s'en servir de coupe à champagne,
C'est ce qu'il y a de meilleur.

C'est l'adagio des rochers
Et le monde qui s'enflamme,
C'est ce qu'il y a de meilleur
Pour moi.

Salle d'attente

Fais attention.
Je sais, c'est tentant,
Tant de temps,
Tant d'attente,
Et la tension qui te tend,
Lente…
Tendre les bras,
Attendre la tendresse,
Longtemps, elle pourtant patente.
Tant pis pour le restant,
Autant tout tenter
Et risquer la mésentente.
Latente,
Elle entend bien t'attendrir,
Étendre sa tentation ;
Insultante, ôtant toute tentative,
Et toi pestant,
Tantale résistant
Sortant de ta tente,
Exultant,
Tendu d'être tant tenté,
Prétendant attentif à l'entente,
À la battante qui t'attend,
Étend ses tentacules
Et t'entortille instantanément,
Te laisse boitant, étendu,
Édenté d'avoir trop attendu.

Questionnaires

Que savez-vous de cette clé ?
Qui est « la Rousse » ?
Pourquoi étiez-vous là à une heure pareille ?
Que signifie ce symbole ?
Est-ce que « CC93 » évoque quelque chose pour vous ?
Comment s'appelle votre mère ?
Avez-vous déjà dans votre vie été témoin d'une telle chose ?
Quand vous l'a-t-il donné ?
Où se situe « le Clos » ?
Combien en ont-ils offerts ?
Était-il seul ?
À quel titre était-elle présente ?
Savez-vous qui je suis ?

Où est-elle ?
Comment connaissez-vous son nom ?
Qu'a-t-elle fait le 20 mars 2001 à 20h12 ?
Où est-elle partie la nuite dernière ?
De quelle couleur est sa voix ?
Pourquoi la surnomme-t-on « Jojo » ?
Combien a-t-elle de doigts ?
Quand vous l'a-t-elle avoué ?
À qui sont les perles ?
Vous rappelez-vous de ses yeux ?
Avait-elle l'habitude de porter des chaussettes dépareillées ?
Y a-t-il quoi que ce soit dont vous doutiez ?
Est-ce que tout ça est vrai ?
Pourquoi maintenant ?

Le jardinier de Monsieur

« J'étais son jardinier. Enfin, entre autres. Son majordome aussi. Son homme à tout faire, si vous voulez.
Mais c'est par le jardin que je l'ai rencontré. Une histoire improbable. J'aime les plantes, vous voyez. Or, à chaque fois que je passais à côté de chez lui, l'état de son jardin me mettait hors de moi. Un vrai désastre, c'était. Des arbustes qui n'en finissait pas de crever et des herbes qui poussaient partout et n'importe comment. Aussi, une fois où je passais devant ses grilles au moment même où il rentrait chez lui, je n'ai pu m'empêcher de le tancer pour un tel laisser-aller.
À ma grande surprise, il a ri. Enfin, ri, c'est un bien grand mot. Il a souri. Et puis, comme ça, de but en blanc, il m'a proposé de m'en occuper. De m'occuper de ce jardin laissé à l'abandon. Contre salaire. J'étais sans emploi à l'époque, j'ai bien évidemment dit oui. Même si le bonhomme avait l'air un peu bizarre, c'était une occasion que je ne pouvais pas laisser passer.
Elle ne s'est jamais dissipée d'ailleurs, cette impression. Avec les années, j'ai fini par bien connaître ses habitudes, ses petites manies, mais sans jamais bien comprendre d'où elles venaient. Nos relations étaient strictement professionnelles, même si, Monsieur ne sortant guère, j'étais probablement la seule personne à laquelle il parlait.
Des exemples ? Et bien, par exemple, il refusait de porter une montre, ou d'avoir la moindre horloge chez lui. Sans que je sache pourquoi, cette interdiction ne s'appliquait pas à moi, pire ! je me devais porter une montre afin que dès qu'il avait besoin de l'heure il puisse me la demander.
Il marquait les choses, aussi, avec une craie jaune qu'il avait toujours au fond de la poche. Tout et n'importe quoi, mais le plus souvent des arbres, et des murs.
La loupe ? Oh oui, chaque endroit qu'il marquait était toujours scrupuleusement scruté auparavant. D'où la loupe.
Il n'aimait pas sortir, cela dit. Le monde extérieur le terrifiait je crois. Trop de vie, trop de bruit, de mouvement. C'était un misanthrope, assurément. Mais pas seulement. Rien ne le faisait fuir plus vite que les animaux ou les enfants. Tout ce qui bougeait trop ou faisait trop de bruit, en fait. Son monde se réduisait au minéral et au végétal.
Lui-même avait une apparence peu commune. À rester cloîtré, sa peau était devenue diaphane. Il fuyait la lumière, ne sortant que la nuit ou quand le ciel était gris et bas.
Non, ce comportement ne m'a jamais vraiment inquiété. Chacun ses manies, n'est-ce pas ? Et puis c'était un aristocrate, un type de personne plus fréquemment sujet à ce genre de petites… facéties. Elles n'avaient rien de préoccupant par ailleurs.
Peut-être aurais-je dû être plus méfiant, vous avez raison. Mais comment aurais-je pu deviner ? Je ne pensais pas que son esprit était si sensible. Tout est arrivé si vite ! Je savais que les gens parlaient, surtout avec ce qui se passe en ce moment, mais je ne pensais pas qu'il prêterait attention aux rumeurs.
C'est terrible, terrible. Malgré ses travers, c'était un homme charmant, qui n'aurait jamais fait de mal à une mouche. Bien sûr qu'il n'était pour rien dans ces disparitions, je n'en ai jamais douté. Vous l'avez bien vu, tout est en ordre dans la maison. Les mauvaises langues ont beau jeu maintenant de jouer les effarouchées, je les tiens pour responsables de cette tragédie !
Je sais, je sais, on ne peut rien y faire. Mais c'est tout de même très triste qu'on puisse pousser quelqu'un à de telles extrémités sans que les responsables soient jamais jugés. Ah ! J'en pleure ! Excusez-moi, excusez-moi…
Comment ? Le jardin ? Oui, il est magnifique, c'est ma fierté. Il a bien changé depuis l'époque où je suis arrivé. J'y travaille sans relâche.
Vous jardinez vous aussi ? Oh, ne dites pas ça ! C'est vrai que la terre est pauvre par chez nous, il est difficile de faire pousser quoi que ce soit.
Comment je fais ? Pour tout vous dire, je ne sais pas. J'ai la main verte, probablement. Ha ! Ha ! Non, plus sérieusement, c'est juste du travail, beaucoup de travail.
Les tilleuls ? Oh ils ne sont pas bien grands, mais c'est vrai qu'ils ont déjà fière allure. Quand est-ce que je les ai plantés ? Oh il y a trois semaines, je crois. Pourquoi ? »