mercredi 16 novembre 2016

                                       


                                                      Chaque fois que christiane ouvre la bouche




Chaque fois que christiane ouvre la bouche il fait nuit. L'humidité plane sur le chemin qui se rapproche de la mare où elle se cache. Christiane ce soir est encore bien verte de jalousie .On l'entend croasser dans tout le hameau alentours. Christiane est une grenouille affirmée dont la voix impose le silence aux crapauds.




                                                Fernand est au courant




                 Fernand est au courant
                 Il a les bras ballants
                 Il est un peu collant
                 C'est hilarant!

                 Fernand est au courant
                 Et de son pas lent
                  Il se déplace en riant

                Mais je lui mens
                 Et il le sent

                 Fernand est au courant!  




                                             La relation "Sado-Maso"





Des patients viennent souvent me consulter sur des relations de couple qu'ils définissent comme "Sado-Maso".Qu'entendre par là?

Prenons un membre du couple (on va dire l'homme dans le plus fréquent des cas) Eh bien l'homme se comporterait comme un véritable pervers narcissique  par son attitude,son absence de paroles,son détachement de tout ce qui ne le concerne pas,sa faculté de s'accorder le droit de rester un enfant et son incapacité à voir que l'autre (la femme en loccurence) souffre à cause de lui.

De l'autre coté la femme en question serait une dépendante affective qui se complairait à rejeter la cause de son vide existentiel sur son partenaire en pleurnichant,en se plaignant que celui çi n'ait aucune compassion pour elle,qu'il ne la calcule pas et ne fait rien pour l'aider. Cette femme chercherait donc à combler par l'intermédiaire de ce cruel partenaire un mal être qu'elle s'est créé toute seule et qui remonte surement à l'enfance.

Je répondrai à ces couples en les rassurant
 que si l'homme est inconscient de  la souffrance qu'il cause dans la plupart des cas (sado) et que la femme supporte sa souffrance en restant avec lui (maso)  la longévité du couple peut être éternelle!!!

J'ai vu / Huguette


J'ai vu


J’ai vu les nuages avaler le soleil.
J’ai vu un funambule sur une étoile filante.
J’ai vu une abeille se baigner en chantant dans le calice d’un lys.
J’ai vu des bougies s’allumer dans un magnolia.
J’ai vu un écureuil me cligner de l’œil.
J’ ai vu un canard sauter à cloche patte dans un parc.



HUGUETTE

H : échelle à un seul barreau, si elle se loupe, c’est la chute, pas droit à l’erreur ? mission impossible, alors passer l’obstacle, pieds joints ? trop haut! en ciseau, en rouleau, elle n’est pas sportive.
Pourquoi pas passer dessous en courbant le dos, elle aime les défis du moins elle les a aimés, alors pas d’esquive.
Même s’il est muet ce H, elle ne l’évitera pas, elle l’a souvent brodé quand elle était jeune fille en attente d’épousailles, au point de tige au point de croix, au coin de mouchoir, dans un carreau de torchon, on peut encore les voir dans sa cuisine.
A une époque, elle a voulu le transformer en M, aime la vie, aime , aime….si vous la connaissez , vous constaterez qu’il est resté ce M dans son adresse mail.

U : un sourire, pas sur, elle n’est pas de nature très optimiste.
Une corde à sauter sans doute en souvenir des jeux avec les copines.
Une corde à sauter qui tourne au- dessus de sa tête, elle vise le passage, le moment précis pour entrer dans le mouvement, se fondre dans la ronde du temps en chantant : « Au palais royal de mon quartier, toutes les jeunes filles sont à marier…à la une , à la deux, sauter, à cloche pieds s’il le faut mais sauter dans l’inconnu, tout n’est pas perdu.
U !! il faut avancer !!

G : avec son voisin il se prononce gu, passer le gué ? pour aller où ?Elle ne sait pas, à la guerre surtout pas.
G de garçon, celui que ses parents attendaient. Ils guettaient son arrivée mais voilà, ce ne fût pas Hugues.

U : encore lui, uluberlu ubuesque.
Pas Ursule, pas Hug non plus

ETTE : Vite ! Féminiser l’annonce. « Le bébé est né, il se nomme Huguette ».

Petit Hugues, la pauvrette, Hugues aurait eu plus fière allure pour le chef de tribu déjà père de deux filles. Loupé, faudra recommencer. Pour avoir un peu d’intérêt, la fillette, malgré ses couettes , ne fût pas trop bête. Parfois, on lui a même dit qu’elle était chouette.

Chouette : petit chou, né dans un chou. Pas du tout, les filles naissent dans les roses et ne s’appelle pas Rosette !
tant pis elle fera avec

mardi 8 novembre 2016

Les voix

Il y avait les voix des adultes.
Celle de la mamie, aimante, protectrice. Ne te fatigue pas. Couvre-toi bien. Fais attention. Celle de la mère. Qu'est-ce que tu veux ma chérie? Si tu as sommeil, si tu es fatiguée, ne vas pas à l'école. La mère disait aussi qu'il ne faut pas écouter ce que disent la religion et l'école qui interdisent tout ce qui est bon. La voix du père lointaine. Elle ne s'adressait que rarement à l'enfant. Elle s'emportait après la mère. Tu me fatigues. Tu jettes l'argent par les fenêtres Tu es un vrai panier percé. 
A travers ces voix le mot fatigue revenait souvent accompagné de son copain peuchère. La mamie parlait d'une voisine. Peuchère, elle a ses rhumatismes, elle est fatiguée. Chut! Papy dort, il est fatigué, peuchère. La fatigue semblait être un terrible fléau qui inquiétait l'enfant. La mère demande. Tu n'es pas fatiguée? Aussitôt le cœur s'affole, les mains deviennent moites. Est-ce cela la fatigue? La mamie. Ne me tourne plus autour tu me fatigues. La grand-mère disait. Au début du mariage une femme retient l'homme par l'amour après c'est par les petits plats qu'elle lui prépare sinon il se fatigue d'elle. La mère ne sait pas cuisiner, le père va-t-il la quitter? Les vois du père et de la mère mêlées, confuses, pleines de colère, de reproches. Tu me fatigues. Je n'en peux plus. La voix du papy toujours câline, calme, admirative devant l'enfant. Ma beauté, ma gâtée. Écoute, n'oublie pas, quand tu seras grande le danger viendra de la Chine. La mère. Dans la vie, il faut faire ce que l'on veut. Vive l'indiscipline A l'école la maîtresse a une grosse voix. Soyez sages, il faut travailler, écouter, être courageux. A l'école, personne n'est fatigué.

Mon prénom

Livres, mes refuges
Ivresse d'être là, sous le ciel
Lapin, être un petit animal
Orbite. Suis souvent satellisée. Manque d'adhérence
Untel, c'est bien. C'est qui on veut. Le mystère.

J' AI VU

J' ai vu des arcs-en -ciel dans le jet toussotant de la vieille fontaine
J'ai vu deux pies se régaler de la dépouille puante d'un chat écrasé
J'ai vu un garçonnet sauter dans une flaque boueuse qui a éclaté en gouttelettes scintillantes
J'ai vu la trace baveuse de la grosse limace dessiner de minuscules routes luisantes
J'ai vu l'hiver frissonner entre les branches du pommier
J'ai vu un chien uriner abondamment sur l'aile de ma voiture et repartir truffe au vent, d'un air guilleret
J'ai vu les micocouliers se parer de feuilles d'or
J'ai vu la nuit tomber, les étoiles briller
J'ai vu les raisins mûrir, je les ai tous mangés
J'ai vu une feuille morte se prendre pour un papillon
J'ai su le temps passé.

lundi 7 novembre 2016

Mon prénom

J.  comme jument. J'ai adoré caresser la jument de ma soeur qui se nomme Grisette.

E.  comme Espagne. Je garde un excellent souvenir de mes voyages en Espagne avec mon père, ma belle-mère et ma demi-soeur.

A.  comme animaux. J'adore nos amis les animaux.

N.  comme nid. Petit à petit l'oiseau fait son nid.

N.  comme nounours. Depuis quelques années, j'ai un gros nounours que je garde à côté de moi pour m'endormir.

E.  comme Estivale. Quand les températures sont estivales, je me prélasse sur la terrasse du jardin public.

Mon prénom

H  Comme Hamac. Celui qui se balance entre deux cocotiers dans les alizés de la côte sous le vent.

 Comme Enfance. Un lieu magique.  Et cruel aussi. Si l'on ne se méfie pas, on en ressort en adulte sans rêves.

L  Comme Lionne. Ou Louve. Coeur qui bat de la meute qui protège sa couvée.

E  Comme Envie. parce qu'il faut toujours en avoir plein pour rester EN VIE. Envie de chocolat, de voyages, de paix, de changer d'air ou le monde.

N  Comme les 6 N  des prénoms de mes enfants. (Je dois bien aimer cette lettre.) Et aussi comme nuage, nénuphar, nectarine, nunuche, noël, nuit.

E  Comme ENCORE!!! Encore un E , encore une goutte, encore une larme, encore un mot, encore une page, encore du soleil, encore de l'été, encore une danse, encore une fleur... la dernière.

jeudi 3 novembre 2016


Si j’étais…

Si j’étais une chèvre en chemisier de dentelle parfumé d’eau de Nina Ricci, j’attendrais l’automne pour rejoindre ma prairie vert bronze parsemée de pâquerettes, je sortirais un jeudi soir d’octobre vers 18h. après les dernières gouttes de l’ondée quotidienne. Avant de sortir j’aurais pris soin de manger une pomme bien mûre accompagnée d’un peu d’eau légèrement citronnée. Puis je rejoindrais, au milieu du pré ce magnifique érable qui se dresse telle une sculpture vers l’azur infini. Afin de ne plus le blesser, j’abandonnerai le tir à l’arc et pour ne pas sombrer dans le pessimisme, je graverai sur une de ses branches « carpe diem »
Et oui même si j’étais une chèvre en chemisier de dentelle il faudrait continuer, continuer.



J’ai vu

J’ai vu des papillons se prendre les ailes dans un grillage.
J’ai vu la violence des volcans et la douceur des prés au printemps.
J’ai vu des enfants sauter dans les flaques, j’ai entendu leur rire au- dessus des toits.
J’ai vu la lune dans les caniveaux et aussi là -haut.
J’ai vu des gens rêver et beaucoup d’autres pleurer.
J’ai vu des femmes étendre des lessives, des lessives.
J’ai vu un vieil homme sur un chemin loin loin.
J’ai vu les fleurs s’épanouir et d’autres mourir.
J’ai entendu les oiseaux chanter, les hommes parler.
Mais dans le silence, je n’ai jamais cherché de sens à tout ça.
Le sens de la vie, je ne chercherai pas, je vivrai…



Arrivée en ville

On a quitté la campagne, plus de travail, on arrive en ville, la ville, c’est les lumières, du moins c’est ce qu’on m’avait dit, pourtant je suis dans le gris, tout est gris, des escaliers à la porte d’entrée, de mes pieds à l’infini, tout est froid, du béton aux gens croisés, ceux d’à côté. On m’a expliqué, on n’est pas seul dans cette grande maison nommée immeuble.
Grande, c’est qu’une impression car après le tour de clef, on est entré et nous voilà coincé en file indienne dans un couloir étroit, je peux toucher les murs en étendant mes bras. Au sol, des carreaux, ouf ! une marelle ! je saute en imaginant déjà pieds serrés, pieds écartés. Je ne pourrai jamais atteindre le ciel je suis stoppée net. « Les voisins ! attention aux voisins, on n’est pas seul ici, on te l’a déjà dit ! » les voisins, les voisins, je me demande dans quel manoir on m’a amenée et de quelle espèce d’ogres font partie ces voisins.
Je suis la troupe en silence dans l’étroit couloir, étroit mais long ce couloir. Pendant que la famille visite les deux pièces qui nous sont allouées, je longe le mur humide en sens inverse et me retrouve soudain devant une porte verte de laquelle s’échappe une odeur inconnue, je colle l’oreille à la boiserie et j’entends une voix rauque. Je crie : « Il est là l’ogre! Chez nous ! »
La porte s’ouvre : « Bonjour petite, c’est toi qui va vivre à côté de moi ? Moi, c’est Mustafa »
Mes tremblements cessent immédiatement, je sais que Mustafa deviendra mon ami.
J’aime les dattes.



La première gifle


Jeudi matin, pas d’école, en bonne élève consciencieuse, les devoirs étaient faits à l’étude du mercredi. Donc ce jeudi matin, j’allais pouvoir honorer le rendez- vous de mon voisin et copain portuguais pour une séance de patins à roulettes sur le trottoir devant la boulangerie. Rien à voir avec l’odeur des petits pains, l’intérêt de l’endroit résidait dans le grand virage, parfait pour l’apprentissage. La grande vitesse en ligne droite on maitrisait mais les courbes nous échappaient, on prenait souvent la tangente et c’était la chute assurée au milieu de la rue qui plus est. Ce jour- là on était prêt pour de nouvelles tentatives, on visait le succès, tout était répété dans nos têtes.
Départ à grande vitesse, filer, passer la mercerie, à hauteur du cordonnier commencer à fléchir les genoux, incliner le corps du bon côté, freiner en basculant le pied sur les roulettes avant sans brusquer, lever la jambe à l’extérieur de la courbe, frôler du doigt le goudron, anticiper le redressement du corps en levant les bras juste après l’entrée de la boutique.
Formidable, tout se déroulait comme prévu, j’avais réussi l’épreuve, devant Domingo en plus.
Ce n’est pas un podium ni le baiser de Domingo qui m’attendait en fin de parcours mais mon père. Il se tenait là, juste à la sortie du virage, le visage fermé et dur, une violente gifle me projeta à terre, je me relevai effrayée par tant de dureté, je ne comprenais pas. D’une main ferme que je ne lui connaissais pas, je fus ramenée à la maison. Devant la porte, dessaisie de mes chers patins, je m’écroulais sur le perron, renversée par une seconde claque : « Et le cathéchisme ! »
Je pleurais en épongeant le sang qui coulait de mon nez . Mais la plus violente douleur fut pour longtemps le souvenir de la première et unique gifle reçue de mon père.
Dieu me pardonnera.

mardi 1 novembre 2016

J'ai vu..

J'ai vu des géants vaciller sur leurs jambes blanches
J'ai vu des chats consoler les hommes
J'ai vu le lilas dépasser du mur avec ses grappes lourdes
J'ai vu des îles immobiles aux chants des sirènes
J'ai vu une source jaillir des bras de l'Enfer
J'ai vu des enfants qui perdent leur temps dans cette vie
J'ai vu le vide tout au fond du puits
J'ai vu des sourires édentés scintiller d'espoir
J'ai vu l'usure attaquer les doigts de ma mère et de ma grand-mère avant elle
J'ai vu des petites portes s'ouvrir sur d'immenses jardins
J'ai vu des mots figer le temps...