Dans ma rue y avait des platanes
ils ont presque tous disparu,
une maladie venue d'Amérique.
D'autres espèces les remplacent
mais ce ne sont plus mes platanes.
Dans
ma rue y a des chiens qui traînent
et
qui lèvent la patte contre le tronc des arbres.Eux, ça leur est bien égal que ce ne soient plus des platanes.
Dans
ma rue y a encore des gosses
avec
ballons, rollers et trottinettes.Il paraît que j'ai de la chance,
dans d'autres quartiers les enfants
sont bien à l'abri chez eux, devant leurs écrans.
Dans
ma rue y a des gens qui râlent
que
les enfants font trop de bruit,qu'ils les bousculent, quoi, qu'ils les gênent.
Ils voudraient bien que les gosses restent rangés tranquilles.
Dans
ma rue j'y vais plus beaucoup,
vu
que je me promène qu'en fauteuil roulant.Mais le nez collé à ma fenêtre, je vois tout,
j'entends tout, je sens même l'odeur du pain chaud
qui sort de la boulangerie d'en face.
Dans
ma rue y a des jolies filles.
Bon,
elles ne sont plus pour moi.Mais un regard, n'est-ce pas, un regard,
ça me réchauffe le cœur et ne me coûte rien.
Dans
ma rue, dans ma rue, derrière ma fenêtre,
pourvu
que ce soit là que je finisse mes jours.Pas trop vite, pas trop tard,
avant que le quartier soit réhabilité,
comme ils disent.